​
Partie géographique
​
Situation.
Bailly, joli petit village de 400 habitants environ, est admirablement situé sur la lisière de la forêt de Marly, à l’abri des vents du nord, et offre un climat sain et tempéré. Le chemin de grande communication n°70 - de Suresnes à Maule - le traverse de l’est à l’ouest. Il est situé à 25 kilomètres de Paris, 6 kilomètres de Versailles et 4 kilomètres de Marly-le-Roi. Il appartient au canton de Marly et à l’arrondissement de Versailles.
Très fréquenté pendant la belle saison par de nombreux promeneurs qui viennent se reposer à l’ombre de ses délicieux ombrages – Très bien desservi par le chemin de fer de Grande Ceinture et le tramway de Versailles à Maule – Bureau de Poste ouvert le 1er septembre 1899 – Gare pour les marchandises à Noisy-le-Roi (1 kilomètre). Fête patronale de la Saint-Sulpice le 1er dimanche de septembre ; programme très attrayant – Service des eaux à Bougival-la-Machine – A 1 kilomètre environ se trouve le fort du Trou-d’Enfer, qui fait partie de la deuxième zone de défense de la Capitale.
Communes limitrophes.
Bailly est limité au nord par Marly-le-Roi et l’Etang-la-Ville – au nord-est par Louveciennes – à l’est par Rocquencourt – au sud par Versailles et Saint Cyr-l’École, au sud-ouest par Fontenay-le-Fleury – et à l’ouest par Noisy-le-Roi.
Étendue.
Le territoire de Bailly comprend une étendue totale de 653 hectares se décomposant ainsi :
Terres labourables, 330 ha – Jardins, objets d’agrément, 22 ha – Près, 29 ha – Bois et divers, 12 ha – Sol de propriétés bâties, 3 ½ ha – Forêt domaniale, 240 ha – Chemins, places publiques, église…, 17 ½ ha.
Altitude moyenne.
120 mètres, plateau du Trou-d’Enfer 176 mètres.
Nature du sol.
Terres calcaires, sablonneuses – et terres franches dites « d’alluvion » ; la terre argilo-siliceuse domine.
Climat.
Séquanien, sain et tempéré.
Relief.
Territoire légèrement ondulé dans toutes les directions. La partie nord, vers la forêt, forme un plateau d’une altitude de 176 mètres (plateau de Marly)
Hydrographie.
Le ru de Gally, qui sépare les territoires de Saint-Cyr-l’École et Fontenay-le-Fleury de celui de Bailly, reçoit les eaux des lavoirs de la Péranderie et de Maltourte.
Voies de communication.
Chemin de Grande Communication, de Versailles à Maule, le traverse de l’est à l’ouest.
Chemin de Grande Communication de Saint-Cyr-l’École à Saintt Germain, le traverse du sud au nord
Trois chemins vicinaux relient Bailly aux communes limitrophes :
Chemin vicinal N°1 des Moulineaux
Chemin vicinal N°2, dit « des Princes »
Chemin de Maltourte.
Chemin de fer Grande Ceinture et Tramway de Versailles à Maule (3 stations).
Particularités de la flore et de la faune.
Flore des environs de Paris.
Faisan, Cotin et Chevreuil dans la forêt de Marly où l’on trouve aussi quelques cerfs de Chine.
Etat de la propriété.
Territoire peu morcelé. Grande culture. Quelques jardins maraîchers.
2 fermes importantes : celle de Vauluceau, située entre Rocquencourt et Bailly – et celle des Moulineaux située à 1.500 mètres environ vers Fontenay – Sur Bailly se trouve une partie des terres de la ferme du Chenil, dépendant de Noisy-le-Roi.
Principales cultures.
Les céréales : blé, seigle ; orge (très peu), avoine – pommes de terre, industrielles et alimentaires – betteraves, fourragères et industrielles – prairies naturelles et artificielles – quelques plantes fourragères : trèfle, incarnat, trèfle blanc.
Quatre ou cinq maraîchers se livrent à la culture des légumes qu’ils vont vendre sur les marchés de Versailles ou de Paris.
Elevage du bétail : Monsieur Eugène Guignard, fermier à Vauluceau, élève des moutons – et Monsieur Renard, propriétaire, élève quelques chevaux
Animaux domestiques : on trouve à Bailly un millier de volailles de toutes espèces, 300 brebis et 200 agneaux, 45 chevaux de trait ou de luxe, une trentaine de vaches, quelques porcs, 3 ou 4 chèvres, et environ le même nombre d’ânes.
Animaux nuisibles : Pas de gros animaux. Les loirs, les fouines et les rats, y sont en revanche assez nombreux.
Gibier : Aux animaux cités plus haut qu’on rencontre dans la forêt de Marly, il y a lieu d’ajouter le gibier de plaine : lièvres, perdreaux, cailles.
Industrie et commerce : Industrie nulle, commerce insignifiant.
​
Esquisse historique
Etymologie - ancienne forme du nom – origines
Le village de Bailly était beaucoup plus considérable aux temps féodaux, qu’il ne l’est aujourd’hui. C’était le siège d’un bailliage dont les appels ressortissaient devant le Bailly de Neauphle-le-Chastel. Les fiefs de ce lieu - qui formait une seigneurie indivise avec celle de Noisy-en-Cruye – étaient tenus en plein fief de la châtellenie – et plus tard de la baronnie – dudit Neauphle. Ces fiefs valaient par an au seigneur de Neauphle six cents livres de revenu.
Dès le XIIème siècle, il y avait à Bailly un village de quelque importance ; et nous croyons pouvoir rapporter à ce lieu le miracle dont parle l’historien Guillaume Le Breton, et qu’il rapporte ainsi : « au territoire de Chartres, l’hostie entre les mains du prêtre devint de chair en un village nommé Bailly. Ceci se passait en 1197, et l’on peut préciser qu’à cette date ce lieu formait déjà une paroisse »
Le gros du village s’étendait plus au nord vers la forêt de Cruye ou de Marly. De là cette appellation de Bailly-en-Cruye. Le Pouillé du diocèse de Chartres de l’An 1160, nomme parmi les paroisses de ce diocèse celle de Bailly (Balliacum), composée à cette époque de cinquante paroissiens ou chefs de famille. L’église de ce lieu, dédiée à Saint Sulpice, était à la collation de l’archidiacre de Chartres qui nommait à la cure. Le revenu était, en 1260, de trente sept livres six sols (environ 927 francs). En 1641, l’archidiacre de Notre Dame de Poissy était le collateur de cette cure, qui valait alors 340 livres de revenu annuel.
Le village de Bailly était divisé en deux parties :
L’une, bâtie sur la hauteur, s’étendait le long de la forêt de Cruye, autour d’un château bâti sur la lisière du bois au-dessus de la butte Sorbas dans lequel demeurait les seigneurs de Bailly-Haut de la maison de Villeneuve et dont les anciens fossés – comblés depuis – se voyaient encore avec les ruines du château, au commencement du XVIIIème siècle. Cette partie du village – qui a disparu – formait la seigneurie du Haut-Bailly possédée par indivis par les seigneurs de Noisy.
Le village actuel formait la seigneurie du bas-Bailly, où étaient situés l’église et le château actuel – appelé le « petit » château – dont les seigneurs possédaient aussi une partie de Noisy par indivis. Ce lieu est désigné dans les différentes chartes qui en font mention, sous les noms latins de Baillolum, Balliacum, Baalliocum, Balliaco, ballictum – et romans ou français : baallai, Baalli, Baalle, Baal, Bailly-en-Cruye… et « Bailly en Val de Gallie » ou « près de Versailles » ; ces derniers noms dans des titres du XVIème siècle et dans les actes postérieurs.
​
Les anciens seigneurs de Bailly-en-Cruye
Les seigneurs de Marly de la maison de Montmorency, possédaient la dîme de Bailly à une époque fort reculée. Quelle que fut l’importance de ce droit, d’autres seigneurs se partageaient ce lieu sous la dominance des seigneurs de Marly et de Neauphle-le-Chastel. Parmi ces seigneurs particuliers, le plus ancien est peut-être Godefroy de Bailly (Godefridus de Balli), qui paraît comme témoin dans une charte de Simon de Neauphle (Nealfa) confirmant une donation faite à l’abbaye des Vaux de Cernay par Hugues de Plaisir de l’an 1162 à 1173 (cartulaire de l’abbaye Notre Dame des Vaux de Cernay, par Monsieur et Madame Auguste Moutié et L.Merlet I P 37)
Gaston de Maubuisson, (Gazonis de Malbusson) tenait des seigneurs de Marly la dîme de Bailly vers la fin du XIIème siècle. Le 20 octobre 1181, Pierre évêque de Chartres donne une charte par laquelle il fait savoir que Emmelina, femme de Gaston de Maubuisson, avec le consentement de Pierre son jeune fils, clerc, a fait donation entre ses mains de la dîme de Bailly ; et qu’à la prière de l’Abbé et des frères de Cernay, à cause de leurs mérites en la religion, il leur a donné en perpétuelle possession et teneur de ladite église – savoir, les propriétés, domaines et avoirs dudit fils – mais dont il aura l’usufruit durant sa vie, dont – vu la jeunesse dudit clerc – il fut dressé procuration en l’église dudit lieu en prévoyance nécessaire et pour pourvoir à cette donation. Cet usufruit, perçu intégralement par lui-même pour en disposer à sa volonté et permission, sur la grange et les prairies qui sont au même lieu proche l’église ou y attenante, et que ladite Emmelina a concédé à ladite église pour le salut de son âme. Le prélat termine cette charte en vouant à l’anathème tous ceux, séculiers ou ecclésiastiques, qui troubleraient les possesseurs de cette dîme. Il la munit de son sceau, en présence des témoins qui furent Guillaume son coadjuteur, Gauthier archidiacre en Poissy, Gauthier ???? de l’église de Chartres, et Lambert, prêtre de Bailly (cartulaire des Vaux de Cernay, Charte LXV). Au mois de mai 1203, Regnault évêque de Chartres, confirme ces donations en faveur de l’Abbaye des Vaux de Cernay.
Roger de Baaly et Mélisendre sa femme, donnèrent en 1204 quarante arpents de terre à Villacoublay aux religieuses de l’abbaye de Valprofond près de Bièvres, qui avaient aussi à Villacoublay une chapelle nommée Jérusalem (Abbé Lebeuf, Histoire du diocèse de Paris, VII p 363)
En 1207, Guillaume seigneur de Bailly (Baalle) pour le remède de son âme, donna à l’abbaye des Vaux de Cernay, en perpétuelle aumône, six sols de cens payables chaque année en lendemain de la fête de Saint Rémi, à prendre sur Bailly ; du consentement de Gauthier son fils, et d’Adeline femme dudit Gauthier. Simon de Neauphle, seigneur dominant de Guillaume, approuva et confirma cette donation la même année (Cartulaire des Vaux de Cernay, charte CXLIII)
Au mois de juillet 1239, le seigneur de Marly donne la charte suivante concernant la dîme de Bailly : « Moi, Pierre de Marly, chevalier, fait valoir que j’ai vendu à Monseigneur Louis, Roi de France, la dîme que j’avais à Bailly qui vaut chaque année douze muids de blé à la mesure de Poissy, qui est perçue sur les terres du Val de Galie, des gagniages de Bailly, des Molières de Noisy, et des Essarts de Marly (les Essarts de Marly étaient des terres autrefois couvertes de bois, et mises en culture : c’est aujourd’hui la plaine dite du Trou-d’Enfer). Pour cinq cents et quarante livres parisis qui m’ont été payées chaque mesure vendue pour quarante cinq livres parisis. Cette vente a été approuvée par Jeanne, mon épouse.
Le Roi Saint Louis donna au mois de juin 1248, la dîme de Bailly à l’abbaye de Maubuisson près de Pontoise. Cinq ans plus tard, en février 1253, Adelina, veuve de Gaston de Bailly – ou de Maubuisson – et son fils Guillaume, donnèrent une charte confirmant la vente de la dîme de Bailly, faite par Gaston son époux, au Roi de France. Dans le testament d’Hervé de Chevreuse fait en 1262, Etienne de Bailly reçoit quarante sols au mois de mai de la même année (cartulaire des Vaux de Cernay, page 573). En 1276, Richard de Bailly donne à l’abbaye des Vaux de Cernay se maison de Vernon. Pierre de Bailly obtint au mois d’octobre 1289, de Philippe III roi de France, la permission d’acquérir – pour les donner à sa fille religieuse à Maubuisson et audit Couvent – des fiefs d’un revenu de cent sols « pourvu que l’hommage du haut roi n’en fut pas diminué ».
Les armes des seigneurs du nom de Bailly nous étant méconnus, nous les blasonnerons d’argent, suivant l’usage adopté en pareil cas.
Pierre de la Villeneuve, écuyer, seigneur de Noisy et de Bailly en partie, vivant en 1270, est le premier de cette famille qui ait possédé ces seigneuries (les armes de la VilleNeufve sont de gueule semé de billettes d’agent au lion de même)
Philippe de la Villeneuve, son fils, écuyer, seigneur de Bailly et de Noiy-en-Cruye, vivait en 1285. Il eut pour fils Robert de la Villeneuve, écuyer, seigneur de Bailly et de Noisy-en-Cruye en partie, Conseiller au Parlement de Paris en 1324. Il fut le père de Jehan 1er de la Villeneuve, écuyer, seigneur de Bailly et Noisy en partie, Conseiller au Parlement de Paris en 1365. Il eut pour fils son successeur.
Jehan II de la Villeneuve, l’aîné, écuyer, seigneur de Bailly et de Noisy en partie, épousa Alix de Lévis, fille de Philippe de Lévis, chevalier, Seigneur de Marly le Chastel et de Magny l’Essart, et d’Alix de Quélus : de laquelle il eut deux fils et deux filles. Les armes de Lévis sont d’or à trois chevrons de sable, au lambel de 3 pièces de gueules (pour brisure de cadet). Alix de Lévis, devenue veuve, se remaria à Pierre de Bonelphes, écuyer, qui rendit foi et hommage la Dame châtelaine de Neauphle en l’année 1424, en ces termes « Ce sont les héritages que je, Pierre de Bonelphes, écuyer, advoue à tenir en foi et hommage de Madame de Neauphle - à cause d’Alix ma femme et des enfants de feu Jehan de la Villeneuve l’aîné et de ladite Alix – tant du fief de Bailly-en-haut, comme du fief de la Villeneuve, assis en la ville et au terroir de Bailly. Premièrement du fief de Bailly-en-haut appartenant à feu Pierre de Bynanville, etc,…,etc… Et si plus en vienne à la cognaissance dudit Pierre, j’advoue à tenir de ma dite Dame de Neauphle. Ce fut fait et scellé au scel dudit Pierre l’an de grâce 1424, le douzième jour de mars ». (Catherine d’Aigreville était alors dame de Neauphle : archives de Monsieur Filassier à Meulan)
Cet aveu confirme entièrement ce que nous avons dit en commençant sur la division des seigneurs de Bailly et de Noisy en fiefs indivis et en arrière-fiefs, car les quelques domaines mentionnés dans cette pièce ne sont que des arrière-fiefs relevant de ceux de la Villeneuve ou de Bailly-Haut et de Bailly-en-bas. Nous y trouvons aussi le nom de Pierre de Bynanville, que nous croyons avoir été précédés dans la seigneurie de Bailly-Haut par Gâtot ou Gaston de Bailly, écuyer de Gaston de Poissy.
En 1404, Noble homme Pierre Nimoust ?… écuyer, était seigneur de Bailly-Bas et de Villiers-le-Maheu (archives de M.Filassier ; titres de Neauphle)
Le fils aîné de Jehan II de la Villeneuve et d’Alix de Lévis, nommé Guillaume – premier du nom – fut seigneur de Bailly et Noisy en partie, suivant l’aveu qu’il rendit au seigneur de Neauphle le 1er février 1506, ainsi mentionné dans les titres de la Châtellenie de Neauphle :
« Le Seigneur du fief de Bailly-en-Cruye, Guillaume de la Villeneuve nous a fait la foy et hommage de la moictié de la terre et seigneurie de Bailly, Noisy - et l’autre moictié appartenant à Jehan de Saint Benoit, nous luy baillons en l’An en huictaine et le dit mardy deuxième jour de fébvrier, le dict Jean de Saint Benoit a comparu personnellement. Et a promis apporter un aveu - pour les droits si aulcuns il doibt de ce - dans les quarante jours, et partant a esté reçeu »
Guillaume de la Villeneuve était seigneur de bien d’autres lieux, et devint échanson de Madame Michelle de France, fille du Roi Charles VI. Il avait épousé Jehanne le Flament, dame de Bonnelles, de la Bretesche les Bordes et l’Etang-la-Ville, qui lui apporta ces terres en mariage.
Simon de la Villeneuve, écuyer, seigneur de Bailly et Noisy en partie, partageait la seigneurie de Bailly avec Simon de Saint Benoit, écuyer, seigneur de Révillon-en-Brie, fils de Simon de Saint Benoit - seigneur de Prémont au pays chartrain et de Bailly en partie – et de Claude d’Orval.
(les armes de St Benoit sont de gueules à la bande échiquettée d’argent et d’azur, accompagnée de deux lions d’or - les armes d’Orval sont d’or à cinq colices de gueules)
Simon de Saint Benoit – deuxième du nom comme seigneur de Bailly-le-Bas – épousa Jeanne (ou Denise) Auger, fille de Simon Auger et de Jeanne de Granville. Il mourut en 1490, laissant cinq fils, dont l’aîné qui suit lui succède en la seigneurie de Bailly. Jehan de Saint Benoit, écuyer, seigneur de Bailly et de Noisy, avec Simon de la Villeneuve – et ensuite avec Guillaume II de la Villeneuve, fils de Simon. Jehan de Saint Benoit, né en 1467, fut émancipé par son père le 17 juillet 1477. Il était seigneur du fief des Moulineaux à Bailly dès 1490. Il mourut en 1524, laissant se Perrette d’Auriac sa femme, deux filles dont l’aînée nommée Catherine eut en dot la seigneurie de Bailly.
Catherine de Saint Benoit fut mariée deux fois du vivant de son père. Elle épousa en secondes noces Messire Jacques Chevrier, chevalier, seigneur de Landy, Conseiller du roi en sa cour du Parlement de Paris, où il fut reçu en 1522. Il devint seigneur de Bailly et Noisy en partie, à cause de sa femme, après la mort de Jehan de Saint Benoit son beau père. (les armes de Chevrier sont d’azur à 3 têtes et cols de licornes d’argent posées 2 et 1). L’autre moitié des terres et seigneuries de Bailly et de Noisy appartenait alors à noble homme Jehan Bazanier, comme fermier desdites terres.
Dans un acte du 3 mai 1528, l’on voit que Jacques Chevrier était alors seul seigneur de Bailly. Les terres de Noisy et de Bailly formaient alors, par suite d’échanges, des seigneuries distinctes et séparées. Jacques Chevrier au nom de Catherine de Saint Benoit, avait échangé la moitié de la seigneurie de Noisy qu’il possédait par indivis, pour avoir des héritiers de Guillaume de la Villeneuve l’autre moitié de la seigneurie que ces derniers possédaient de même par indivis.
Jacques Chevrier était le fils de Jehan Chevrier seigneur de Landy, panetier de Jehanne de France duchesse du Berry, fille du roi Louis XI et de Marguerite d’Aubusson fille de Louis d’Aubusson, chevalier ; seigneur de la Villeneuve et de Catherine de Gaucourt. Il mourut le 15 mars 1521, et fut inhumé en l’église de Saint Germain l’Auxerrois à Paris, n’ayant pas laissé de postérité.
Après sa mort, Johanne de Chaligaut petite fille de Jehan de Saint Benoit, épousa Jacques des Ligneris, chevalier, seigneur d’Auge en Touraine, Conseiller du roi en sa Cour du Parlement de Paris, à qui elle apporta en mariage les terres de Bailly, de Crosnes et d’Etioles. Il rendit hommage au roi le 22 mai 1538, pour raison de sa terre de Bailly-en-Cruye, relevant du château de Montfort l’Amaury. (les armes des Ligneris sont : de gueules fretté d’argent de six pièces, au franc canton d’or, chargé d’un lion de sable armé et lampassé de gueules, au lambel d’azur pour brisures). Ce fut Jacques des Ligneris qui acheva de bâtir en cette même année le château de Bailly, tel qu’il se voyait encore au dernier siècle ; et qui, selon toutes les apparences avait été commencé par Jehan de St Benoit dont les armes se voyaient sur l’une des clés de voûte de l’escalier.
Jacques des Ligneris, fils de René des Ligneris, fut un président de la troisième chambre des Enquêtes du Parlement de Paris. Le 14 juillet 1554 le roi Henri II l’envoya en qualité de l’un de ses ambassadeurs au Concile de Trente, et voulant à son retour reconnaître les services qu’il lui avait rendus – en cette occasion et en plusieurs autres, l’honora d’une charge de président à moitié au Parlement de Paris par lettres patentes données à Compiègne le 18 mai 1554 ( ??? ndlr) , dont il prêta serment onze jours après. Il mourut le 11 août 1556, et fut enterré solennellement en l’église de Ste Croix du Val des Ecoliers. Toute la cour du Parlement assista à ses obsèques et témoigna par un regret général combien lui était sensible la perte qu’il faisait.
Jehanne de Chaligaut sa veuve, Dame de Bailly et autres lieux, mourut en 1558, laissant son fils unique – âgé de cinq ans seulement – pour seigneur de Bailly, sous la tutelle d’Etienne des Ligneris son oncle, Abbé de Notre Dame de la Prés et prieure de Quinquelavaur – et aussi sous la tutelle de René des Ligneris son cousin germain, chevalier, seigneur des Ligneris, d’Azay et d’Auge, gentilhomme servant le roi.
Théodore des Ligneris, parvenu à sa majorité, fut seigneur de Bailly, Capitaine de cinquante hommes d’armes des Ordonnances du roi, et Chambellan de Charles de Bourbon, Comte de Soissons. Il épousa le 14 février 1577 Françoise de Billy, Dame de Cournille : fille de Louis de Billy, chevalier, baron de Cournille. Il n’était plus à cette époque seigneur de la terre de Bailly qu’il avait vendue à Albert de Gondy, comte de Retz en 1571 (les armes de Gondy sont : d’or à deux masses d’armes de sable, à picotons liés de gueules par le bas et passés en sautoir)
Albert de Gondy était aussi seigneur de Noisy ; et comme il possédait la faveur entière de la reine Catherine de Médicis et celle du roi Charles IX, il avait sans doute obtenu la terre de Noisy après la mort de la duchesse de Valentinois, Diane de Poitiers, à qui Henri II l’avait donnée. Il demeurait à cette époque au château de Bailly qu’il occupa avec toute sa famille jusqu’en l’année 1585 qu’il alla demeurer au château de Noisy-en-Cruye où il avait fait bâtir une maison magnifique avec des dépenses fort grandes pour le temps.
Il était fils aîné d’Antoine de Gondy, florentin, qui vint à Paris à la recommandation de Jean Baptiste de Gondy – son neveu – qui était alors maître d’hôtel de la Reine Catherine de Médicis qui l’avait emmené en France avec elle. Antoine de Gondy devint par la suite maître d’hôtel du roi Henri II ; et ayant épousé Marie de Pierrevive que la reine fit gouvernante des Enfants de France, et en eut Albert de Gondy qui eut beaucoup de part dans la confiance de la reine, et devint le favori principal du roi Charles IX son fils ; qui le fit seul premier gentilhomme de sa chambre, puis son grand Chambellan.
Il accompagna le roi Henri III en Pologne (n’étant alors que Duc d’Anjou lorsqu’il partit pour prendre possession de ce royaume). Ce prince étant revenu peu de temps après prendre possession de la couronne de France – après la mort du roi son frère – honora ce seigneur de Bailly du bâton de Maréchal de France en 1574 ; le fit chevalier de ses ordres en 1579 ; puis premier gentilhomme de sa chambre et Général des Galères de France ; il érigea en sa faveur la baronnie de Retz en Duché-pairie au mois de novembre 1581 ; et le pourvut du gouvernement de Provence. Il tint la place du Comte de Toulouse au sacre du toi Henri IV, et mourut à Paris le 21 avril 1602. Il fut enterré en la chapelle de Gondy, derrière le chœur de l’église de Notre Dame de Paris.
Le 4 septembre 1565, il avait épousé par contrat passé à Cognac, Claude Catherine de Clermont - baronne de Retz, Dame de Dampierre, veuve de Jean d’Annebaut baron de Retz ; l’une des plus belles femmes du temps, fille unique et héritière de Claude de Clermont, seigneur de Dampierre – dont il eut quatre garçons et sept filles.
Henri de Gondy, fils cadet du maréchal de Retz, seigneur de Bailly et de Noisy-en-Cruye, fut nommé évêque de Paris en 1598, sur la démission de Pierre de Gondy son oncle. ; il fut ensuite créé Cardinal par le Pape Paul V en 1618, et fut Commandeur des ordres du roi en 1619.
Jean François de Gondy, 4ème fils d’Albert de Gondy, succéda au Cardinal son frère, comme seigneur de Bailly-Noisy. Il fut le premier Archevêque de Paris après la mort du Cardinal de Gondy.
Henry de Gondy, neveu du précédent et fils de Charles de Gondy (l’aîné des fils d’Albert de Gondy) et d’Antoinette d’Orléans Longueville, succéda, sous la tutelle de son oncle le Cardinal, après la mort de son aïeul le maréchal de Retz, en la seigneurie de Bailly et en celle de Noisy, Versailles, La Grange, l’Essart et Les Essarts. En 1619, Henry de Gondy fut fait chevalier des Ordres du Roi. Il vendit dans le même temps au cardinal de Gondy et à l’Archevêque de Paris – ses oncles – les terres et seigneuries de Noisy et de Bailly-au-Val-de-Galie. Il mourut le 12 août 1619 à Prinçais en Bretagne, âgé de 69 ans.
Le Cardinal de Retz, évêque de Paris, étant mort le 3 août 1622 à Béziers où il avait suivi le roi qui – par ses conseils – marchait les armes à la main contre les Protestants, Jean François de Gondy fut sacré premier Archevêque de Paris et lui succéda dans tous ses biens et dans les seigneuries de Noisy-Bailly, Versailles et autres lieux. Il vendit en 1623 la terre et le château de Bailly à Pierre de la Martellière, écuyer, seigneur de Fay, avocat au Parlement de Paris, et lui accorda pour lui et ses successeurs les droits spécifiques en l’église dudit Bailly ; mais il en retint la seigneurie.. Le 21 mars 1654, il mourut à Paris, âgé de 70 ans, et fut inhumé en son église cathédrale, dans la chapelle de Gondy.
Ses héritiers, messire Philippe Emmanuel de Gondy son frère, et messire Henry de Gondy duc de Retz son neveu, vendirent à François Bossuet, secrétaire du Conseil d’Etat du Roi (direction et finances) la baronnie de Marly-le-Chastel et les seigneuries de Noisy, Bailly, et les Essarts. (les armes de Bossuet sont d’azur, à 3 roues d’or, posées 2 et 1). François Bossuet, ayant fait des dépenses excessives, tous ses biens furent saisis et vendus par décret, et il fut obligé de se retirer à Notre Dame de Bon Repos où était alors une petite chapelle située au bas du village de Bailly, à côté de laquelle il avait fait bâtir une très petite maison où il demeura quelque temps. Il fit don à cette chapelle de plusieurs héritages, et la dota en 1664 de 90 francs de rente : à la charge par le curé de Noisy de dire et célébrer à son intention une messe tous les samedis, et de distribuer le même jour et en même temps, dix sols aux pauvres enfants de Noisy et de Bailly. Il se retira ensuite aux Augustins Déchaussés, depuis les Pères de la Place des Victoire à Paris, où il mourut en 1675.
Par sentence de décret et adjudication, faite aux requêtes du Palais, le 20 mai 1675, le roi Louis XIV acquit la terre et la baronnie de Marly-le-Chastel et les seigneuries de Noisy et de Bailly, qu’il réunit au domaine de Versailles.
​
Pierre de la Martellière
Avait acquis, comme nous l’avons vu précédemment, en 1623 le château de Bailly dont il augmenta considérablement le jardin dans la suite, par l’acquisition de plusieurs héritages à la Colinerie où il fit faire toutes les terrasses du potager, et planter des espaliers. (les armes de la Martellière sont : d’or au chevron d’azur accompagné de 3 feuilles d’oranger de sinople…). Il avait fait faire en 1624 le canal qui était vis-à-vis l’église ; et fait remplir l’espace entre ce canal et celui de l’abreuvoir – où au siècle dernier était le parterre – au lieu duquel il y avait anciennement un étang. Il était seigneur du fief de Moulineaux-au-Val-de-Galie, situé dans la paroisse de Bailly : par le mariage qu’il avait contracté avec Marie le Grand, Dame de Moulineaux, fille l’Alexandre le Grand conseiller au Parlement de Paris, et de Marie Canaye, Dame Dudit Moulineaux. Pierre de la Martellière mourut en 1633, et sa veuve en 1642, laissant de leur mariage 3 enfants : Philippe, Marie et Anne de la Martellière.
Le 12 janvier 1643, Jean Yvonnet acquit de la famille de la Martelière le château et la ferme de Bailly, avec les droits honorifiques en l’église de ce lieu et le fief des Moulineaux. Il mourut peu de temps après, laissant de Madeleine de St Etienne son épouse, entre autres enfants un fils nommé Jean-Jacques Yvonnet qui fut conseiller au Parlement de Rouen et devint bientôt seul seigneur du château et de la ferme de Bailly. Le 19 février 1650, il rendit foi et hommage - comme fils aîné héritier de son père – à Messire Jean François de Gondy pour raison de son fief des Moulineaux relevant dudit seigneur, Archevêque de Paris à cause de la seigneurie de Bailly. Les armes d’Yvonnet sont : de pourpre au lion d’argent, armé et lampassé d’or à la bande d’azur chargée de 3 étoiles d’or, brochante)
Le 15 décembre 1651, Jean Jacques Yvonnet vendit le château et la ferme de Bailly et le fief des Moulineaux à Pierre Boulin, conseiller secrétaire général du roi – maison et couronne de France – et de ses finances ; et trésorier général du Marc-d’or des Ordres du Roi. Pierre Boulin acquit par la suite plusieurs maisons et héritages à la Colinerie, dont il augmenta considérablement le jardin du château. Il mourut le 20 novembre 1670, âgé de ?? ans. Marie de Louvencourt sa veuve, eut pour ses reprises le château et la ferme de Bailly avec le fief des Moulineaux. Elle mourut le 9 juillet 1687, dans sa 71ème année.
(les armes de Boulin sont : d’azur au chevron d’or, accompagné en chef de 3 roses mal ordonnées d’argent, et d’un lys tigé, feuillé et fleuri du même, e, pointé)
(les armes de Louvencourt sont : d’or à 3 têtes de loup de sable, arrachées de gueuke ; posées 2 et 1)
François Boulin, conseiller du roi en la Cour des Aides, après la mort de sa mère, se mit en possession du château de Bailly et de toutes ses dépendances. Le fief des Moulineaux échut à Bernardin Boulin écuyer, son frère aîné, qui le vendit depuis à Messire Louis Phélipeaux, Comte de Pontchartrain. François Boulin, au moyen de plusieurs acquisitions, augmenta encore le jardin de sa maison dans lequel il y avait alors une ancienne futaie - qui pouvait bien avoir deux cents ans – qu’il fit abattre, et à la place de laquelle il fit planter de nouvelles allées en ormes et en charmilles. Les ouvriers qui firent ces allées trouvèrent un pot en grés à deux pieds de profondeur en terre, entre deux grosses souches de chêne, dans lequel il y avait quarante pièces de monnaie d’argent, grandes comme des demi-écus, frappées au coin des rois Henri II, Charles IX et Henri III. Le Sieur Boulin, pour faire la cour au roi, les lui porta comme un trésor qui lui appartenait : ayant été trouvé dans son parc de Versailles. Sa Majesté en fit choisir quatre, et lui rendit le reste. Cette découverte fit appeler l’allée qui fut plantée en cet endroit « l’allée du trésor ».
François Boulin fit aussi faire la terrasse qui se trouve en face de la maison qu’il fit revêtir de murailles et planter de marronniers. Enfin, après avoir pris son d’augmenter et d’embellir son jardin, il fit son testament olographe en date du 20 août 1720, par lequel il donna sa maison de Bailly toute meublée, et toutes les terres qui en dépendaient, à l’Hôtel-Dieu de Paris ; et mourut le 19 mars 1722, âgé de 76 ans, ayant laissé de Louise de Faverolles sa femme : François Bernard Boulin, conseiller du roi en sa cour des Aides – et François Robert Boulin, bachelier en théologie ; ses seuls héritiers, qui s‘accommodèrent avec les directeurs et administrateurs de l’Hôtel-Dieu ; ceux-ci consentirent à se désister en leur faveur, du legs fait par ledit défunt Sieur Boulin leur père par acte du 17 juin 1722, moyennant la somme de huit mille livres d’argent comptant qu’ils durent payer audit Hôtel.
Le 6 juillet 1723, François Bernard Boulin devint seul possesseur de la ferme et du château de Bailly. Il fit, comme ses prédécesseurs, beaucoup de changements et d’embellissements à son jardin ; qui passait de son temps pour l’un des mieux plantés et des plus agréables qu’il y eût dans les environs : eu égard à son étendue, à sa situation, et à l’inégalité de son terrain. Le roi voulut bien, en faveur du sieur Boulin, et en considération des services rendus par son père et son aïeul, ériger la maison de Bailly en « fief de Bailly », par lettres données à Versailles au mois d’avril 1737 (manuscrit dudit sieur Boulin appartenant à Monsieur Delafontaine, à Noisy)
Madeleine Suzanne Boulin, née le 7 février 1788 - fille de Bernardin Boulin seigneur des Moulineaux et de Madeleine Jousset – fut Dame de Bailly qu’elle apporta en mariage à Etienne Pons, ancien bâtonnier des avocats, dont elle devint veuve.
Elle était morte en 1774 ; le château de Bailly avec ses dépendances fut vendu et acquis le 23 avril de ladite année par Maître Barbery, procureur au Châtelet de Paris moyennant 49.600 livres, de Mademoiselle Emme de la Michaudière - veuve de Messire Zacharie Rochereau, chevalier, seigneur d’Hauteville – en qualité d’héritière : pour un tiers quant aux meubles et acquêts, et de seule et unique héritière quant aux propres paternels de Madeleine Suzanne Boulin veuve d’Etienne Pons contre 1- Augustin Florimond Langlois 2- Mr de la Michaudière 3- Charlotte Madeleine Langlois.
Ledit Sieur Barbery déclara que l’adjudication à lui faite, était pour et au profit de Louis Marie de Boucheman et de Mademoiselle Anne Elisabeth Henriette Béranger son épouse. Cette dernière survécut à son époux, et pas son testament authentique en date du 8 pluviose An IX (28 janvier 1801), elle laissait le château de Bailly à ses enfants ; et mourut le 28 pluviose An IX (17 février 1801). De son mariage naquirent :
Pierre de Boucheman qui suit – et Marguerite Jeanne de Boucheman, mariée à Léon Antoine Dutillet, dont Joseph Henri Dutillet de Pillas.
Pierre de Boucheman épousa Louise Julie Dachard qui lui donna cinq fils : 1- Henri de Boucheman qui, en 1813, était Lieutenant de Voltigeurs au 75 Rgt de lignes - 2 – Louis Antoine de Boucheman, présumé tué le 7 floréal An IX (27 avril 1801) dans un combat naval donné dans le détroit de Gibraltar, étant à bord de la frégate française « l’Africaine », capitaine Maugendre. – 3 – Louis André Jules de Boucheman, officier de cavalerie, concierge général du château de Versailles, épousa Adrienne Sophie Parfaite de Perreuse, avec laquelle il demeurait au château de Versailles. En 1813, il était prisonnier de guerre en Angleterre – 4 – Guillaume de Boucheman, lieutenant de cavalerie et valet de chambre du roi, qui épousa demoiselle Agathe Alexandrine de Bois-Léger. – 5 – Charles Jules Pierre Eugène de Boucheman, lieutenant de cavalerie, aide-concierge au château de Versailles, y demeurant.
Les fils héritiers de Pierre de Boucheman vendirent le château de Bailly et tout ce qui en dépendait, par acte passé à Versailles le 30 avril 1825 par-devant maître de Villeneuve, moyennant 75.000 francs, à Monsieur François-Xavier Pons, avocat à la cour royale de Paris et à Monsieur Antoine Philippe Léon Cartier, vicomte d’Aure, écuyer, cavalcadour de sa majesté & chevalier de l’ordre royale de la Légion d’Honneur, demeurant à Versailles aux Grandes Ecuries du Roi.
Le parc de Bailly enclos de murs contenait alors 8ha, 54a, 72ca, ou 25 arpents environs. Le cimetière de Bailly se trouvait place derrière le château.
Le château de Bailly a appartenu en ces derniers temps, après avoir passé en diverses mains, à Monsieur Guiton, à la famille Rhôné, enfin à Monsieur Maréchal qui y est mort le 11 octobre 1884. Le château est aujourd’hui la propriété de Madame Maréchal sa veuve qui vient y passer la saison estivale avec Monsieur et Madame De Lacharrière, ses gendre et fille et leurs enfants Monsieur Jacques et Mademoiselle Clémentine de Lacharrière. Monsieur Charles Auguste Alexandre Ladreit de Lacharrière, chevalier de la Légion d’Honneur, Inspecteur général en disponibilité des services administratifs au Ministère de l’Intérieur, a été élu conseiller municipal le 1er mai 1892, et maire de Bailly en remplacement de Monsieur Lamy, démissionnaire, le 5 novembre 1893.
Madame Maréchal continuant la tradition de ses prédécesseurs, a fait de son château, un séjour enchanteur.
​
Anciens fiefs des Moulineaux et de Pontailler (ou Pontaly)
Le Domaine ou anciens fiefs des Moulineaux, était situé dans la plaine de Galie, à une certaine distance de Bailly. C’était au XVIIIème siècle, une maison de plaisance fort habitable, avec un parc assez vaste. Il y a une certaine confusion entre le domaine des Moulineaux et celui de Pontailler, qui étaient contigus et avaient – chacun - leur possesseur. Ces fiefs étaient probablement séparés par le ru de Gallie. La partie située en-deça dépendait de Bailly, tandis que la partie située au-delà formait un hameau dépendant de Fontenay-le-Fleury.
Comme nous l’avons vu précédemment, le fief des Moulineaux appartenait au Seigneur de Bailly qui parfois le donnait sous certaines redevances à d’autres seigneurs qui devenaient ainsi leurs vassaux. Ce n’est qu’au milieu du XVème siècle que ce fief fut inféodé à des seigneurs particuliers, car avant cette époque il était resté dans le domaine des seigneurs de Bailly-Haut ; tandis que l’autre partie, appelée depuis Pontaille – et au dernier siècle Pontaly – faisait sans doute partie de la seigneurie de Bailly-Bas. Enfin, lorsque la seigneurie fut réunie entre les mains d’un seul possesseur, il arriva que ce fief des Moulineaux restât divisé et aux mains de deux possesseurs : souvent désignés tous deux comme seigneurs des Moulineaux à la fois, tandis que l’un possédait effectivement de fief et l’autre le fief de Pontailler en dépendant.
Par suite de ce que nous venons d’avancer, l’on voit qu’il est assez difficile de faire la part de chacun de ces seigneurs, et de mettre l’ordre nécessaire dans une pareille confusion : il y a donc lieu de passer sous silence le nom des différents possesseurs de ces fiefs. Après avoir appartenu au Comte d’Osmont dans ces derniers temps, les Moulineaux appartiennent aujourd’hui à la famille Lefèvre, dont la résidence d’été se trouve à la Faisanderie (dépendant de Fontenay) près du ru de Gally, à deux ou trois cent mètres des fermes des Moulineaux et de Pontaly.
​
Fief de Voluceau
Cet ancien fief est connu dans la charte sous le nom de Val Oursel : d’où, par corruption, sera venu Valourseau, puis Vauluceau, Voluveau, Volussau, Vaulusseau…
Ce n’est qu’au milieu du treizième siècle que l’on trouve le nom obscur de ce fief qui, dès l’an 1679, « tait une ferme enclavée dans le Grand Parc de Versailles et appartenant au roi. Les derniers seigneurs de Volusseau qui lui avaient vendu cette seigneurie, en avaient cependant conservé le titre honorifique. En 1698, René Liénard de la Roche est qualifié garde du roi dans le parc de Versailles-Vauluceau, et messire Geoffroy de la Roche est dit « commandant du parc de Versailles ». Nous nous abstiendrons d’entrer dans le détail au sujet des différents possesseurs de ce fief, ainsi que des fermiers de Voluceau s’intitulant « fermiers du roi ». Nous dirons seulement que de nos jours la ferme de Voluceau fait encore partie du domaine de l’Etat, que c’est une des mieux cultivées des environs de Versailles avec celle de Gally. Elle contient environ 315 à 320 arpents de terre. Le 18 août 1850, vers 4 heures du matin, un voilent incendie se déclarait dans les environs de la ferme, et malgré les secours des pompiers et des habitants de Versailles et des environs, le feu dura trois jours. Monsieur Guignard père était alors fermier de Voluceau où son fils, Monsieur Eugène Guignard, agriculteur distingué, chevalier du Mérite Agricole le remplaça en 1882. Après l’incendie de 1850, les bâtiments de la ferme ont été rebâtis, et leurs proportions et leur ensemble sont fort remarquables. (source : Adrien Maquet)
​
Cahier des doléances de Bailly
Cahier des doléances, plaintes et remontrances des syndics et habitants de la paroisse de Bailly, aux Etats Généraux.
Représente le tiers état de la paroisse de Bailly, grand parc de Versailles, en implorant le secours des Etats Généraux, l’humanité et bonté de Sa Majesté, et dit :
Qu’ils ne voient qu’avec une peine extrême leurs moissons dévastées par le nombre incroyable du gibier de toutes espèces
Le respect et l’amour qu’il a pour S.M. le persuade de la légitimité de ses plaisirs de chasse ; mais en même temps, il attend avec confiance d’être dédommagé par une modération sur la taille et autres impôts, sur la taille surtout qui, jusqu’à présent, est imposée dans le parc de Versailles au même taux qu’ailleurs où il n’ y a pas tant de gibier, quoique les semences soient plus dispendieuses et la récolte beaucoup moindre.
Le territoire de Bailly est chargé de trois grandes remises en futaies et taillis d’environ 10 arpents chacune ; par conséquent les terrains limitrophes sont ruinés, au moins en pareille quantité, au détriment du fermier et d’autres particuliers ; le même territoire est garni d’avenues de grands arbres qui causent les mêmes inconvénients aux terres adjacentes.
Depuis quelques années, on a lâché dans le grand parc un grand nombre de chevreuils qui ont considérablement propagé. Ils broutent et arrachent les blés en herbe, écorcent les arbres fruitiers, passent par-dessus les haies et dévastent les jardins ; d’où il y aisé de conclure qu’ils portent un tort considérable à la récolte, aux fruits et aux légumes, choses de première nécessité aux gens de la campagne ;
Les officiers des chasses sont d’accord avec ces fléaux : ils défendent de récolter les foins et les luzernes dans le temps utile, de peur de nuire au gibier de plume. On sait que huit ou dix jours plus tard, dans les années avancées, portent un préjudice considérable.
Les moineaux ne font pas moins de dégâts : une pièce de blé, une fois attaquée - pour peu qu’il soit versé – est bientôt détruite et les pailles détériorées.
D’où il suit que les petits propriétaires du parc de Versailles sont tous malheureux et hors d’état de payer leurs impôts. Le tiers état souhaiterait la suppression des entraves, des aides dont les employés abusent souvent de leurs devoirs, trouvent des crimes où il n’y a pas même intention de fraude : tout le monde sait les inconvénients qui en résultent pour la tranquillité et la liberté des citoyens.
1. Ledit tiers état demanderait également un soulagement des tailles, surtout en faveur de ceux qui n’ont point ou très peu de produits.
2. Une répartition plus proportionnée à la propriété de chacun
3. Une recette moins dispendieuse
4. La liberté de faire la répartition entre eux
5. La diminution du prix du sel
Le tiers état supplie très humblement Sa Majesté de donner des ordres à f’effet de surveiller la conduite des riches fermiers ou gros propriétaires, à l’occasion des emmagasinements et monopoles sur les blés, qui sont la cause de la cherté excessive du pain.
Item. Demande ledit tiers état que la répartition des impôts soit également faite entre le clergé, la noblesse, et le tiers état.
Item. Souhaiterait aussi que les pigeons fussent détruits, ou qu’il y ait une police qui les empêche de dévaster les blés nouvellement semés afin qu’on pût récolter : car ainsi est le vœu général du tiers état de la paroisse de Bailly.
Ont été élus députés pour porter le cahier : Thuillier, charpentier – et Claude Brunette grand messager de l’Université. L’Assemblée s’est tenue en l’église et à la sablette du lieu, devant les syndics, marguilliers, et membres de la municipalité. Ont signé : Jean Baptiste Leymarie de la Combe, maître en chirurgie – Antoine Leroy – Jacques Lévêque, greffier – Jacques Deschamps – Moutet – Loison – Drost – Michel de Bord – Michaux, syndic – Jamais - Auger – Pierre Réyé – Guillemin – Thuillier – Brunette – Lucas – Bazile – Robillard. Ont déclaré ne savoir signer : François Limaire – Nicolas – Noël Brassin – Jean Brassin – Louis Anguerrand – Antoine Bertrand – Antoine Lebas – Claude Chaussat – Antoine Joutel – Sulpice Robillard – Jacques Cadier. (Lévêque a tenu la plume et rédigé ou écrit le cahier).
​
Maires et Adjoints qui se sont succédés à Bailly depuis 1800
En 1791 : Claude Brunette ; est le 1er maire de Bailly
????-1817 Auger (en fonction en 1810)
1807-1809 Lévêque
1817-1823 Boucheman Pierre
1809-1816 Drost Léon Toussaint
1823-1825 Boucheman Bernard Guillau.
1816-1819 Drost Claude Jean fils du précédent, démission.
1819- ???? Catutelle Antoine François , officier en retraite, chevalier de la Légion d’honneur a du cesser ses fonctions vers 1827, parait s’être occupé avec beaucoup de sollicitude des intérêts de la commune, remplaçant presque toujours les maires (pas trouvé son/ses successeurs)
1825-1827 Auger Antoine Henri Philippe Léon Cartier, Vicomte de) chevalier de St Louis ; officier de la Légion honneur, écuyer cavalcadour du roi, officier de cavalerie Né à Toulouse en 1798. Marié à Louise Ursula de Courteilles. A laissé d’importants ouvrages de cavalerie. L’un des manèges de l’Ecole Militaire de Paris porte son nom.
1831-1837 Plucher Bonaventure
1827-1831 Auger Marie Isidore, meunier fermier aux Mouilineaux, pas le même que
précédent.
1837-1847 Feunette Michel
1831-1837 Pigeon Pierre, propriétaire
1847-1848 Chéron Paul Charles
1837-1847 Barbé Jules Fermier à Voluceau
1848-1852 Feunette Michel ancien maire, a démissionne en 1847 nommé adjoint par arrêté
1847-1848 Feunette Michel ancien adjoint préfectoral en 1852, puis maire lors du refus de M.
Guignard
1848-1852 Birmingham Augustin Désiré Marguerite Hyacinte Cte de,à mademoiselle Hilaire
de la Rochette de Chesnel. Démissionne en 1852
1852 Guignard fermier à Voluceau, nommé par arrêté préfectoral, refuse et est remplacé par Chéron
1852-1859 Feunette Michel prête serment, démission en 59, meurt en 1862.
1852-1865 Chéron Paul Charles. Même que ci-dessus
1865-1866 Bily. Meurt en 1866
1866-1871 Couillard François
1871-1874 Leloup Alphonse
1874-1884 Auvray Hervé propriétaire, dessinateur en jardins.
1884-1885 Pinot François Stanislas
1859-1885 Germiau Julien Joseph, Propriétaire, ancien laitier. A joué un très beau rôle en
1870/1871 pendant l’occupation prussienne.
1885-1892 Welle Eugène armurier
1892-1896 Anguerrand Paul, maçon
1896… Rey Benoit, ancien garde des palais nationaux.
Corrections Jacques Floquet :
1892-1896 : Maire ; M. Pinot, Adjoint ; Welle.
1896-1900 : Maire ; Ch. Ladreit de Lacharrière, Adjoint ; Benoit Rey.
1900-1904 : Maire ; Ch. Ladreit de Lacharrière, Adjoint : Auguste Béné.
1904-1908 : Maire ; Ch. Ladreit de Lacharrière, Adjoint : Auguste Béné.
Ch. Ladreit de Lacharrière meurt le 9 novembre 1907.
1908-1912 : Maire ; J. Ladreit de Lacharrière
1912-1919 : Maire ; J. Ladreit de Lacharrière, Adjoint Welle.
J. Ladreit de Lacharrière aurait été maire de Bailly jusqu’en 1921 seulement (à vérifier).
1919- 1925 : ….
Suite des Maires de Bailly.
Germiau Julien Joseph ; inscrit sur le tableau de marbre (tableau d’honneur)
dans la salle de la Mairie en mémoire des Bienfaiteurs de la commune, inauguré le 3 septembre 1899, jour de la fête patronale. (Eugène Hadengue, qui a laissé en mourant une rente de 200 francs aux pauvres de Bailly, est inscrit également au Tableau d’honneur.
Monsieur Germiau, maire, démissionne en 1885, et meurt à Bailly le 16 juin 1894
Monsieur Germiau a rempli les fonctions de maire pendant 25 ans ½. (juin 1859 - octobre 1885)
1885-1892 Pinot François Stanislas, maraîcher
1892-1893 Lamy Alexandre, fermier aux Moulineaux démissionne pour cause de départ
1893- … Lacharrière Charles Auguste Alexandre Ladreit de) Inspecteur général en
disponibilité des services administratifs du ministère de l’Intérieur, chevalier
de la Légion d’honneur, officier de l’instruction publique, chevalier du mérite
agricole.
​
Partie historique
Administration, Développement économique, progrès divers.
Institutions de bienfaisance et de prévoyance.
Avenir possible de la commune.
Depuis 1880, la commune de Bailly a fait de sérieux progrès, surtout en ce qui concerne les conditions matérielles de l’existence, qui rendent plus agréable aux habitants le séjour d’un pays.
En 1887, un service d’éclairage au moyen de réverbères fut établi dans la commune de Bailly
En 1890, conformément au traité intervenu entre l’État et la commune de Bailly, les rues de la Colinerie et la Grand’Rue furent canalisées et quelques mois après un service de lavage des caniveaux fonctionnait à la grande satisfaction et pour le plus grand bien des habitants. La même année, une fontaine publique d’eau potable était installée au centre de la Grand’Rue.
Le 31 janvier 1894, un service de secours contre l’incendie entre les communes de Bailly et Noisy-le-Roi fut organisé.
Le 9 août 1899, le tramway à vapeur de Versailles à Maule desservant Bailly, commence à circuler entre Versailles et Noisy-le-Roi, et bientôt la ligne entière sera mise en exploitation, rendant les plus signalés services aux habitants de cette contrée jusqu’alors peu favorisé au point de vue des communications. Un service de messagerie et de transport des marchandises fonctionnera dans les localités desservies, dès que la ligne sera complètement terminée.
Le 1er septembre 1899, un bureau de facteur-receveur des Postes fut ouvert à Bailly. Le télégraphe et le téléphone y seront installés prochainement.
​
Institutions de prévoyance et bienfaisance
A côté de quelques personnes charitables dont les gracieuses libéralités sont connues de tous et qui font qu’à Bailly la misère ne saurait franchir aucun seuil, il y a lieu de citer Monsieur Auguste Eugène Hadengue, anciennement propriétaire en cette commune, décédé à Paris le 23 mars 1887, qui, par testament olographe du 23 juillet précédent a légué aux pauvres de Bailly une rente annuelle de 200 francs qui fut versée au Bureau d’assistance médicale à dater du 4 juillet 1894.
En vertu de la loi du 15 juillet 1893, ce bureau a été créé par la commune de Bailly. Le legs Hadengue et les fonds votés chaque année par le Conseil municipal, permettent à cette institution de distribuer aux indigents des secours en pain et viande, pendant la mauvaise saison, et aux jours de fêtes nationale et patronale.
Le 2 novembre 1892, le Conseil municipal de Bailly, par une délibération prise à l’unanimité, déclara adhérer pleinement et sans aucune réserve au projet d’hospitalisation en faveur des nécessités atteints d’affections aiguës et des blessés, dans les communes dépourvues d’hôpitaux ; projet voté par le Conseil général du Département, suivant délibération du 1er septembre 1892. En raison de la proximité de l’hôpital de Versailles, cette institution rend les plus signalés services à notre population ouvrière.
En 1893, sur l’initiative de quelques personnes généreuses, une société de secours mutuels et de prévoyance fut établie à Bailly, et ses statuts furent approuvés par l’administration préfectorale le 29 novembre de la même année. Elle a pour but ;
1 - De donner les soins du médecin et les médicaments aux membres participants malades –
2 - De leur payer une indemnité pendant la durée de leur maladie –
3 - De pourvoir à leurs funérailles.
Quand les ressources seront suffisantes, la Société se réserve de constituer – en faveur de ses membres associés – une caisse de pensions viagères de Retraites. Le fond de retraite s’élève actuellement à environ 7.000 francs, chiffre relativement élevé en fonction du peu d’importance de la société qui – d’ailleurs – fonctionnerait difficilement sans les cotisations annuelles de ses membres fondateurs honoraires et les versements facultatifs d’un certain nombre de donateurs.
​
Constitution du Conseil d’administration
M. le Préfet de Seine et Oise Président honoraire
M. Soulange Renard (cons. municipal) Président (depuis la fondation)
M. Charles de Lacharrière (maire) Vice Président
M. Auguste Béné (conseiller municipal) Secrétaire
M. Eugène Guignard (conseiller municipal) Trésorier
M. Victor Robillard (conseiller municipal) Administrateur
M. Emile Aumont Administrateur
La société compte actuellement 7 membres fondateurs - 30 membres honoraires – 20 membres donateurs – 33 membres participants (hommes) – 32 membres participants (femmes) – et 21 membres participants (enfants)
​
Instruction publique.
De l’extrait du testament de défunt Nicolas Mabile, reçu par Monsieur Neveu – curé du Chesnay – appert ce qui suit :
« … En 3è lieu il donne et lègue à la Fabrique de ladite église (St Sulpice de Bailly), la somme de 75 livres pour mettre à rente ou acheter un fonds pour aider à instruire la jeunesse de ladite paroisse de Bailly », et plus bas, s’en suit : « Donation de cinq livres de rente pour le maître d’école » (19 janvier 1680).
A cet extrait est joint un contrat de constitution et d’abandonnement de la rente de cinq livres des 100 livres de capital (rente rachetable), passé devant : Sellier, notaire à Marly, le 4 octobre 1680 ; rente à prendre sur des terres sises à Bailly, lieu dit « les petites vignes » et du Lepère Monsieur.
Ce Nicolas Mabile était laboureur, fermier de Dame Marie de Louvencourt, veuve de Pierre Boulin.
12 juin 1739, vente par devant les notaires du Roi, au baillage royal de Versailles, - par Robert Léger serrurier des bâtiments du Roi et Madame Chesnau sa femme – à l’œuvre et Fabrique de l’église St Sulpice de Bailly (Pierre Fordinière Curé), d’une maison en ruines, cour et jardins d’environ 40 perches : pour y construire deux écoles publiques, l’une de garçons l’autre de filles, pour les habitants de la paroisse. Cette maison était située à Bailly au lieu dit « Clos de Cernay », en la Grand’Rue. Prix 80 livres comptant, plus 16 livres 1 sol de rente : elle en fut remboursée en 1747 (emplacement actuel)
Le terrain de cette maison, partagé entre le Vicaire et le maître d’école, contenant 23 perches un tiers, compris la maison et la place devant, faisant autrefois la cour d’après plan ci-contre à 18 pieds pour perches, échelle 1 ligne pour toise. Une partie de la propriété avait servi à l’amortissement de rentes. Ce local fut vendu à la Révolution à Monsieur Feuillet, qui le revendit lui-même à Monsieur Bertrand, propriétaire, en 1884.
3 mai 1740. Marie Lenoir, veuve du Sieur Louis Legay officier de Monsieur le Comte de Châteauregnault (1740) donne diverses rentes à la Fabrique, à charge pour celle-ci de payer à la maîtresse d’école de Bailly à perpétuité, la somme annuelle de 30 livres pour contribuer à son entretien, sous condition que la maîtresse d’école sera tenue de réciter chaque jour à l’issue de la classe la « Salve regina » pour la donatrice pendant son vivant ; et un « de profundis » après sa mort .
Après janvier 1771, c’était un maître d’école gagé par le Domaine du roi et la Fabrique, qui remplissait cet engagement et recevait les 30 livres.
1775. Marguerite Bertrand laisse une somme de 15 sols an maître d’école sous condition de prières.
1821. Augagneur, instituteur, est fermier des Chaises de l’église, moyennant 120 francs par an ; puis en 1826, moyennant 100 francs. Il est de plus premier chantre, bedeau, sonneur ; et charge de sable le cimetière.
1834. Le maître d’école est chantre et bedeau
1814. Le Conseil municipal s’occupe de chercher un local pour l’école. Même préoccupation en 1840 et 1841. On voudrait installer dans le même local : l’école, la mairie et le presbytère. Un emprunt est fait en 1841 (11.500 francs) pour l’achat et l’aménagement de la maison Blondeau ; j’ignore s’il y a eu un résultat.
1853. en novembre, inauguration de la nouvelle maison d’école achetée 3.000 francs ; dépenses d’aménagement 4.244 francs.
1874. Achat d’une maison pour agrandissement de l’école : un projet présenté en 1867 n’avait pas été réalisé.
1892. Construction d’un préau couvert.
En 1824, Le Conseil municipal vote à Monsieur Augagnier instituteur, sur le service des centimes facultatifs, une gratification de 30 francs comme encouragement : pour le zèle, l’instruction et la conduite qu’il a déployés dans l’enseignement pendant le cours de l’année 1823.
1833. En conformité de la dernière loi, le Conseil municipal augmente le traitement de l’instituteur qui est porté de 100 à 200 francs, à condition qu’il reçoive 6 élèves indigents de plus. Cette même année (22 mars) institution du Comité national pour la surveillance de l’école primaire, composé de Messieurs Constant Vital, curé – Barbé Jean, cultivateur – Plucher Bonaventure, adjoint au maire – en vertu de la lettre de M. le secrétaire du comité supérieur de l’Enseignement primaire de Marly. Demande de secours pour le mobilier scolaire. Le Conseil municipal s’appuie sur ce que l’instituteur a suivi pendant dix ans le cours de M. Gallien, a obtenu des succès satisfaisants et continuera pour obtenir « quelques lumières ».
1842. Lors de la démission d’Armery, instituteur, c’est le Conseil municipal qui présente son candidat, Debellay, au Comité supérieur.
1843. Il y a à l’école, 30 élèves – dont 20 paient.
1882. Les dépenses de l’instruction primaire sont de 1.450 francs.
1883. Avec la nouvelle loi, elles sont réduites à 1.200 francs - Vote de 850 francs de supplément de traitement de l’instituteur
​
Population scolaire aux différentes époques
1850, 35 élèves – 1860, 40 – 1870, 44 – 1880, 46 – 1890, 55
1899 : 40 élèves, par suite de la création d’une école enfantine libre.
En 1892, un avant-projet pour la construction d’une école infantile dans le jardin de l’instituteur, fut élaboré par le Conseil municipal et abandonné. Cette construction devait recevoir 35 enfants.
L’année suivante, une École enfantine libre était créée par les bourgeois de Bailly. Depuis cette époque, l’école fonctionne et est entretenu par M. l’abbé Legré, curé de Bailly – et Mesdames Maréchal, De Lacharrière, Hadengue, Renard et Lamy.
Cette dernière étant décédée en décembre 1897, sa propriété fut vendue et achetée par Monsieur Michel, fabricant de compteurs à eau et à gaz à Paris, qui a bien voulu continuer l’œuvre de Mme Lamy.
Madame Renard est également décédée (16 mai 1898), son mari M. Soulange Renard, banquier à Paris et propriétaire à Bailly, continue de participer à l’entretien de l’école libre, confiée à la direction d’une maîtresse laîque.
Les institutrices qui se sont succédées depuis sa création sont mesdemoiselles : Madeleine Raverot (1893 – 1897) et Blanche Coulon…
L’école enfantine compte actuellement une trentaine d’élèves, âgés de 3 à 7 ans.
​
Tableau des instituteurs qui se sont succédés dans la localité,
Avec la date de leur entrée en fonction et de leur sortie.
Avant 1789 : aucun renseignement
De 1789 à 1833
Augagneur François 1821-1829
Pigis Antoine 1829-1838
De 1833 à 1850
Armery Gabriel François (démissionnaire) 1838-1842
Debellay François Eugène 1842-1847
Huet Jacques Eugène 1847-1852
De 1850 à 1870
Leroy Hubert 1852-1863
Normand Adolphe Gustave 1863-1865
Legrand François Louis 1865-1869
Bidron Stéphane 1869-1877
De 1870 à nos jours
Dubois Zéphir (est devenu professeur au lycée 1877-1882
de Versailles, puis chef d’institution)
Lévêque Vitalien, César 1882-1888
Rougeaux Clovis (l’instituteur cesse de remplir 1888-1891
les fonctions de clerc laïque)
Roger Victor 1891-1894
Escoffier Lucien 1894-1897
Froment Juste Isaac 1er octobre 1897 ….
Etat actuel :
Certificats d’études obtenus avant 1er octobre 1897 22
Froment 1898 présentés 3 reçus 3
Instituteur 1899 présentés 4 reçus 4
L’organisation pédagogique actuellement en vigueur est celle qui a été approuvée par le conseil départemental de l’enseignement primaire dans sa séance du 26 juillet 1894, remplaçant celle de 1884. Le 1er octobre de la même année, cette nouvelle organisation a dû être appliquée dans toutes les écoles primaires publiques de Seine et Oise.
L’organisation pédagogique de 1884 n’avait trait qu’aux anciennes parties du programme : lecture, écriture, langue française, calcul et système métrique, histoire et géographie. L’organisation nouvelle donne des programmes détaillés pour les matières rendues obligatoires par la loi du 28 mars 1882. On a ajouté la morale, l’instruction civique, le dessin, les travaux manuels et les sciences appliquées à l’agriculture, à l’horticulture et à l’industrie et l’hygiène.
Cette organisation – un peu compliquée pour les écoles à un seul maître – permet toutefois à l’instituteur de prendre seulement les matières assimilables pour la moyenne des élèves, qui doit toujours régler la marche de la classe. L’enseignement a surtout pour but de provoquer la réflexion et le raisonnement ; il s’adresse plus au cœur qu’à la mémoire. En résumé, méthode intuitive, suggestive, obligeant l’élève à l’effort, et provoquant son émulation.
Le local est bien installé, bien aéré. On a réparé récemment le logement de l’instituteur, qui est convenable et sain. Mobilier ancien mais en bon état ; le matériel d’enseignement, trop succinct, laisse à désirer ; mais peu à peu il s’enrichira. Le matériel géographique surtout devrait être remplacé : une concession ministérielle serait nécessaire.
Pour ce qui est de la fréquentation des classes du jour, je puis affirmer que - depuis mon arrivée à Bailly (1er octobre 1897 – il n’est pas possible d’obtenir de meilleurs résultats, sauf quelques cas de maladies ou d’indispositions, d’ailleurs peu fréquentes. Pas un élève ne manque la classe.
Cours d’Adultes et Conférences
Des cours d’adultes ont lieu chaque année à l’école communale pour les élèves des deux sexes, à raison de 4 séances de heures par semaine ; deux pour les jeunes gens et deux pour les jeunes filles : du 15 novembre au 15 février. Le nombre des auditeurs qui ont suivi régulièrement les cours pendant l’hiver dernier, est de 12.
Des notions générales y sont enseignées. En dehors de cette révision, des lectures partant sur la littérature, la morale, la géographie, l’histoire, etc. sont faites plusieurs fois pas semaine.
De plus, des notions de dessin géométrique pour les jeunes gens et d’économie domestique pour les jeunes filles y son données, à raison d’une leçon par semaine.
Les résultats obtenus sont en général satisfaisants. Pour encourager la fréquentation des cours, des récompenses spéciales ont été accordées à la fin de la précédente année scolaire (30 juillet 1899), jour de la distribution solennelle des prix ; aux élèves adultes des deux sexes qui les ont suivis régulièrement. En ce qui concerne les conférences populaires, toutes accompagnées de projections lumineuses, je m’efforce de les rendre instructives et attrayantes. Le chiffre des auditeurs des deux sexes qui a été l’hiver dernier de 60 en moyenne, indique assez la valeur des résultats obtenus dans un modeste village de moins de 400 habitants.
​
L’église Saint Sulpice de Bailly
D’après les plus anciens comptes de la Fabrique, notamment ceux de 1571, les Abbayes de Saint Cyr et de Maubuisson payent à la Fabrique, à Noël, chaque année, un quarteron de bottes de fleurs – ou pailles de bled (blé ? ndlr) pour mettre en l’église.
Plusieurs terres appartenant à la Fabrique, furent achetées par le Roi, pour agrandir ses parcs de Marly et de Versailles.
Pour le parc de Marly, l’ordonnance de 1750 prescrit de laisser 12 pieds de ceinture au pourtour des murs. C’est quelquefois Bontemps, valet de chambre du roi, qui est chargé des négociations.
L’église de Bailly est d’époques différentes. A l’intérieur, on retrouve des vestiges gothiques (voûtes du chœur, escalier du clocher) ; on remarque sur la grande porte de la nef la date de 1610.
D’après les notes de la Fabrique, elle aurait été en partie reconstruite en 1774 et 1775 : on aurait alors reconstruit le clocher et la nef. En 1777, le roi accorde 3618 livres pour rebâtir la sacristie, la tribune au-dessus, le mur et la croisée du côté de la chapelle de la Sainte Vierge, et la terrasse du cimetière (le cimetière, alors, entourait l’église).
Le tableau et sa bordure placé derrière le maître-autel, et représentant les Pélerins d’Emmaüs (copie d’après Le Titien par Honasse : l’original est au Louvre) fut donné à l’église de l’agrément du roi, en 1775, par M. le Comte de la Billarderie d’Augivilliers, directeur et intendant général des arts, manufactures, jardins du roi et de ses bâtiments. Ce don fut obtenu sur les instances de M. Dutillet de Villars, écuyer, gouverneur des Pages de la chambre du roi, et l’un de ses valets de chambre. Des remerciements officiels lui furent votés. En 1827, le cadre actuel fut donné par la famille de Boucheman.
En 1776, M. Louis de Boucheman, écuyer, doyen des valets de chambre du roi, Concierge du château de Versailles et seigneur du fief de Bailly… donne à l’église un tableau peint sur toile, aux bordures de bois doré, représentant les adieux de St Pierre et St Paul au moment de leur martyre. Ce tableau était placé aux Tuileries où il fut en partie brûlé (le bas) lors d’un incendie en 1720. Il est attribué au Carache (et aurait été alors l’unique en France) ou au Corrège. Le donateur le tenait de son père qui était valet de chambre de Louis XIV (ce tableau paraît être plutôt au Carache que du Corrège ; certaines parties ont été maladroitement restaurées, le cadre en bois sculpté est beau).
L’église possède une statue de marbre blanc très remarquable : elle représente la Ste Vierge allaitant l’enfant Jésus, debout à ses côtés ; cette statue provient de la chapelle de l’ancien château des Moulineaux (dépendant de Bailly), et aurait été donnée à l’église de Bailly en 1732, par M. Bignon propriétaire du château des Moulineaux. Elle n’a pas de caractère religieux, et doit avoir eu une origine première tout autre.
Les boiseries du chœur et du sanctuaire sont belles. Elles ont été données à l’église par la reine Marie-Thérèse, femme de Louis XIV, en 1670 ; elles ont été restaurées en 1775. Les boiseries plus simples de la chapelle Ste Anne, ainsi qu’une grille de fer – qui a disparu mais existait encore en 1782 – ont été données par M. Caterby (ancien huissier du roi et de l’ordre du St Esprit) usufruitier de cette chapelle. Celles de la chapelle de la Sainte Vierge furent données par la Confrérie.
En 1782, dernier inventaire existant, on signale 3 cloches :
Une grosse pesant 1.200 livres et portant l ‘inscription suivante : « Révérendissime messire Jean François de Gondi, premier Archevêque de Paris, seigneur de Noisy et de Bailly ; St Sulpice priez pour nous – Martellière, conseiller du roi en ses Conseils d’Etat et privé, avocat au Parlement Notre Dame – Marie Legrand, veuve de Pierre de la Martellière – Noble homme Philippe de la Martellière, son fils, conseiller du roi au Parlement, seigneur du Fay, parrain – 1642 »
Une cloche pesant 900 livres, « noble homme Pierre Legrand, Conseiller notaire et secrétaire du roi , maison et couronne de France et de ses finances – parrain. Noble Dame Catherine Legrand, femme de Noble homme Denis de Palman, seigneur du Fay, Bigny, conseiller du roi en sa cour du Parlement. François Chabot, Curé, 1642 »
Ces deux cloches furent fondues à la Révolution.
Une cloche pesant 600 livres (celle qui existe actuellement) : « L’an 1750, j’ai été bénie par M. Pierre Fordinière, prêtre, curé de la paroisse de Bailly, dans le parc de Versailles, et nommée Jeanne Radegonde, par Messire Jean Baptiste François de la Michodière - chevalier, seigneur de la Michodière et de Hauteville, conseiller du roi en ses conseils, maître des Requêtes de son Hôtel, Président du Grand Conseil – et par Jeanne Radegonde Hénin, épouse de François Bernard Boulin – Conseiller du roi en sa cour des Aides . Antoine Le Roy, Marguillier, en charge. Louis Godiveau et ses fils m’ont faite »
L’horloge actuelle paraît être celle de 1882, restaurée à neuf en 1787.
En 1782, le retable du maître-autel avait, en haut, un Jéhovah et des Anges sur toile ; la chaire portait les quatre Evangélistes peints sur les panneaux ; le carrelage du chœur existait, ainsi que les deux consoles Louis XV fort jolies ; et le lutrin.
Il y avait alors une grille fermant le chœur, ornée de pilastres d’un couronnement avec chiffres et attributs épiscopaux. Existaient aussi les deux petites figures de St Sulpice et de St Prix (placées près du banc de la Confrérie), les deux bénitiers en marbre du Languedoc (époque Louis XIV), et les fonts baptismaux.
De chaque côté du maître autel sont deux grandes statues : de St Sulpice, évêque de Bourges et de St Prix évêque de Clermont, patrons de la paroisse. Ces statues en plâtre furent données par la famille des Boucheman, vers 1827… peut être avant.
En 1752, il y avait dans la sacristie un tableau très estimé représentant St François, et deux châsses contenant des reliques aujourd’hui disparues.
Dans un ancien inventaire de 1603, on signale le don d’ornements d’église – à ses armes – fait par le Maréchal de Retz - par Madame Chastel (mère du régicide Jean Châtel) « d’une grande pièce de tapisserie, qui soit à mettre devant les 3 autels du chœur ». Pierre Chastel, père du régicide (1608), donne à l’église 2 arpents de terre : il était bourgeois de Paris et propriétaire à Bailly.
Bailly, le 25 septembre 1899
L’instituteur Froment.
MONOGRAPHIE DE BAILLY (1899)