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MONOGRAPHIE COMMUNALE DE LOUVECIENNES (1899)

   La commune de Louveciennes est située un peu à l'est du canton de Marly-le-Roi; une partie de son territoire est limitée par la Seine, sur une longueur de 800m environ. 

   Les communes limitrophes sont: Marly, Port-Marly, Croissy, Bougival, La Celle-Saint-Cloud, Rocquencourt, Bailly. 

   La population est de 1236 habitants se décomposant comme il suit: Louveciennes, Voisins et Montbuisson 1062 = hameaux, 102, écarts 72, total 1236. La population de Louveciennes demeure stationnaire: les trois derniers recensements accusent à peine une augmentation de 30 habitants. Cet état de choses est dû aux grandes propriétés particulières qui absorbent et englobent presque tous les terrains à bâtir et aussi au manque d'industrie locale. 

 

Mouvement de la population 

 

Naissances

 

 

Mariages

Décès

   Le pays est montagneux; le point culminant à une altitude de 160m. Quelques sources donnent une eau potable, mais la plus grande partie de l'eau employée pour l'alimentation est fournie par la machine élévatoire qui actuellement ne donne plus d'eau de Seine mais de sources environnantes et de Croissy en particulier. 

Les principales voies de communication sont:

1° Les routes nationales n°184 de Versailles à St Germain = n° 13 de Paris à St Germain. 

2° Le chemin de grande communication de Bougival à Louveciennes, longueur... 1603m

3° Les chemins vicinaux ordinaires suivants

   1° De la croix rouge, longueur...592m

   2° Chemin Brunet, longueur....562m

   3° de la Celle St Cloud............500m

   4° de la Haute Barre................405m

   5° des Creux.............................811m

   6° du Coeur Volant..................709m

   7° de Prunay............................1234m

   8° de la Paix.............................630m

   9° de Voisins............................381m

   10° de St Michel......................650m

Chemin de fer. Ligue de Paris à l'Étang la Ville 24 trains par jour. 

Tramway de Paris (l'Étoile) à St Germain. Halte à la Machine et à Bas-Prunay. 

    La superficie total de la commune de Louveciennes est de 537 hectares de décomposant comme il suit:

   Terres labourables..............160 ha. 

   Prairies, vignes, vergers......29 ha. 

   Jardins.................................144 ha. 

   Bois et forêts.......................150 ha. 

   Voies de communication et surface recouverte de constructions 54 ha. 

   Total.....................................................................................................537 ha. 

Cultures alimentaires, céréales

Betteraves, pommes de terre

   Les pépinières occupent une surface de 40 ha. et la récolte totale tant en fruits qu'en plantes d'ornement peut être évaluée à 9000f. 

   Les vignes, dont la culture était autrefois importante, n'occupent plus qu'une surface de 6 ha. et le rendement a été presque nul ces dernières années. 

Animaux

Chevaux 50, vaches 25, ânes 8, porcs 15. 

Ce qui frappe d'abord en examinant les chiffres des surfaces exprimées ci dessus, c'est la petite étendue relative des terrains de culture. Sur une surface de plus de 500 ha. en effet, il n'y a que moins de 200 Ha consacrés à la culture annuelle et agricole proprement dite: le reste se compose surtout de bois, de propriétés de luxe et de terres plantées. En second lieu les terres labourables ne comprennent que 90 Ha et dans cette étendue il n'y a que deux fermes un peu importantes, l'une de 23 Ha et l'autre de 20.

   La commune de Louveciennes se distingue surtout par la culture des fruits rouges: fraises, groseilles, framboises, que les cultivateurs portent directement au marché, soit à Paris, soit à Versailles. Ils font leurs transports au moyen de voitures et se rendent plus spécialement aux Halles centrales.

Industrie

   Il n'y a à Louveciennes d'autre industrie que celle des blanchisseurs qui occupe environ 50 ouvrières.

Historique

   Il n'est pas facile de connaître l'origine et surtout le sens de ce nom de Luciennes ou de Louveciennes. Dans le IXe siècle, ce village prend dans une charte de concession passée avec les moines de St Denis le nom de Mons-Lupicinus. Faut il supposer qu'on l'appela ainsi parce qu'il servait de retraite à des loups, ou bien qu'il tira son nom d'un officier de chasse du roi Chilpéric III nommé Lupicius ou Lupicinus ? Ce qu'il y a de certain, c'est que par ce traité les moines de St Denis devinrent possesseurs par moitié du territoire de Louveciennes de 682 à 1580, comme ils le furent d'ailleurs de tous les bois, champs, forêts, villages et hameaux placés dans un rayon de vingt lieues autour de Paris.

   Si nous remontons jusqu'à l'époque préhistorique, nous trouvons à Louveciennes plusieurs stations de l'homme quaternaire. A des distances assez rapprochées, des ateliers de taille et de polissage offrent à l'investigateur des spécimens variés d'outils et d'armes en silex et en néphrite appartenant à la période paléolithique et néolithique. Quelques haches, forme amande, du type St Acheul, étrangers à la localité témoignent du pérégrination ou des luttes de ces tribus ancestrales; et par une coïncidence bizarre, un de ces ateliers millénaires, où l'homme primitif de Louveciennes, épié peut-être par les loups, taillait furtivement sa lance grossière, se trouve exactement à l'endroit où croit encore, majestueux et superbe, l'orme légendaire sous lequel la Du Barry invitait Louis XV à prendre le café dans des termes que rapportent très fidèlement MM de Goncourt, mais nous ne pouvons mentionner ici.

   L'époque féodale a laissé peu de traces à à Louveciennes; dépendant de l'abbaye de St-Denis nous voyons en 1234, Pierre de Marly accorder à cette abbaye le droit de cuire du pain au four que les abbés ont fait édifier à Luciennes et à Montbuisson à la réserve des gens astreints à faire cuire au four banal.

   Il faut aller jusqu'en 1682, date de la construction de la machine élévatoire, œuvre de Rennequin Sualem, perfectionnée en 1804 par l'ingénieur Brunet. Le bâtiment existe encore: c'est une sorte de temple grec, orné au fronton de figures en ronde bosse. On peut voir à l'intérieur une peinture à fresque bien conservée, elle représente assez exactement l'ancienne machine vue à vol d'oiseau.

   Le Raidillon, chemin abrupt et pierreux s'ouvre sur le quai entre le bâtiment de la pompe et le parc de Lancey, dont deux lions de pierre gardent la grille appuyée sur d'énormes termes. A droite, montent hardiment les conduites qui mènent l'eau de la Seine à l'aqueduc. Derrière ces conduites sont les propriétés qui formaient autrefois le domaine d'Oger de Cavoye. Le brave Cavoye devint maréchal des logis de Louis XIV, lors de son mariage avec Melle de Coëtlogon, fille de la reine Marie-Thérèse: "laide, sage, naïve, animée et très bonne créature" dit le railleur de St Simon. Le château passa à la princesse de Conti; puis, après avoir appartenu longtemps au compte Hocquart, il devint la propriété de M. J. Beer, neveu de Meyerbeer qui le possède encore aujourd'hui.

   A gauche des tuyaux était le pavillon des eaux qui fut donné au comte de Toulouse, puis par héritage passa au duc de Penthièvre qui ne voulut plus l'habiter quand son fils le prince de Lamballe y fut mort en 1768. Deux ans après le roi permettait à la comtesse Du Barry de s'installer dans le pavillon des eaux, car contrairement ) l'opinion généralement adoptée, la fameuse comtesse ne fut jamais propriétaire ni même locataire du domaine et si Louis XVI laissa la Du Barry à Louveciennes, ce fut absolument par tolérance. La propriété est aujourd'hui divisée en deux parties; l'une appartient à Mme Thaal de Lancey et l'autre à L. Goldschmidt qui vient tout récemment d'y faire construire de fastueuses annexes dans le style de l'époque. C'est dans le parc de Lancey qu'on peut voir encore le pavillon construit par Ledoux en 1772, pour la comtesse du Barry.

    Il fut célèbre en son temps, ce pavillon; mais il est permis de trouver un peu exagéré l'enthousiasme que cette construction excita chez nos pères. La façade principale qui regarde la Seine est d'un aspect sombre et lourd. Ce qui fut merveilleux, ce fut la décoration intérieure. Les plafonds et les dessus de porte avaient été peints par Fragonard auquel la Du Barry avait commandé cinq grandes compositions qu'elle refusa lorsqu'elle furent exécutées. Le peintre les emporta à Grasse où un anglais vient de s'en rendre acquéreur il  y a quelque temps. Quand à l'ameublement il passait pour une merveille de richesse et de goût.

    Après la mort de Louis XV, la Du Barry s'était retirée dans cette propriété; elle y vivait tranquille, sans faste exagéré, charitable pour les pauvres et bonne paroissiennes de l'église St Martin. Elle avait conservé pour gouverneur de son domaine le nègre Zamore dont les grimaces simiesques avaient fait sourire jadis l'inamusable Louis XV. On peut le voir, dans toute sa splendeur, au Louvre, dans une aquarelle de Moreau, représentant la grande salle à manger du pavillon de Louveciennes un soir de fête. Quand la Révolution éclata, Zamore accusa sa maîtresse d'entretenir des correspondances avec l'étranger et le 14 frimaire an II la Du Barry fut arrêtée et dut monter sur l'échafaud. Seule de toutes les femmes qui périrent dans la tourmente révolutionnaire, elle se montra sans courage devant la mort: "Monsieur le bourreau, ne me faites pas de mal !" telles furent ses dernières paroles. Zamore ne tira aucun avantage de sa traîtreuse dénonciation; il mourut misérablement à Paris le 7 février 1820.

   De cette propriété on aperçoit l'aqueduc. Edifié sous Louis XIV, il a la grandeur et la majesté des constructions du XVIIIe siècle; il développe sur une longueur de 650m, ses trente six arches hautes et gracieuses et domine superbement la colline à une altitude de 160m.

   Après avoir laissé à droite le hameau de Voisins, on arrive en quelques minutes sur la place du village de Louveciennes et l'on trouve devant soi l'abside à mur plat de l'église. Ce monument religieux placé sous l'invocation de St Martin a été restauré il y a quelques années et définitivement parachevé l'année dernière. L'origine de l'église remonte au XIIIe siècle; cet édifice se compose d'une nef et de deux bas côtés éclairés chacun par une fenêtre ogivale; la nef et le maître-autel reçoivent jour par l'abside au moyen d'une large ouverture à triple lancette garnie de vitraux de couleur de même que la rose placée au dessus. Le mur absidal est très curieux, car les églises à chevet rectangulaire sont fort rares; quatre solides contreforts maintiennent cette curiosité archéologique.

   On remarque dans l'intérieur de l'église un tableau représentant Ste Geneviève peint par la célèbre Mme Lebrun; on y voit également un autre tableau représentant St Martin partageant son manteau pour en donner une partie à un pauvre vieillard.

   Dominé par les arcades de l'aqueduc, Louveciennes, tranquille, verdoyant, parfumée, groupe sur une pente douce ses maisons de cultivateurs aisés, ses nombreuses villas aux allures de châteaux, sa jolie route du Coeur-Volant, bien connue des amateurs de promenades ombreuses et qui mène à l'une des portes de la forêt de Marly. De cette forêt dépendait sans doute ce joli coin appelé le Bois brûlé dont les hauteurs encadrent gracieusement le petit hameau de Montbuisson qui n'est guère habité que par des horticulteurs.

   On arrive au village par deux routes charmantes; l'une partant de St-Germain traverse à Port-Marly laissant sur la gauche le château de Prunay et le hameau de Voisins et vient aboutir  à Louveciennes en face l'aqueduc; l'autre route, venant de Paris, passe par Bougival et monte à Louveciennes par une rampe d'un accès facile; de cette voie le paysage est superbe, sur la gauche on aperçoit la terrasse de St Germain, les hauteurs de Mareil-Marly, tandis que sur la droite le mont Valérien étale sa lourde masse supportant sa forteresse. En face, la Seine avec ses replis semble être tout proche et l'on aperçoit sur ses bords Croissy et Chatou, puis le Vésinet et son bois duquel s'élance la flèche de l'église et Montesson Carrières, Houilles, Sartrouville, Bezons et pour compléter ce vaste et délicieux tableau, tout au fond, les hauteurs de Pontoise, de Sannois, de Montmorency et d'Ecouen.

   Mais comme il faut, hélas, que les nécessités des temps présents se fassent sentir jusque dans les plus paisibles retraites, les canons de la Batterie des Arches, dissimulés derrière l'aqueduc qui sera peut être un jour transformé en observatoire militaire, menacent tout cet horizon enchanteur et troublent quelque peu la quiétude du promeneur pacifique qui vient chercher là le repos et le calme sous ces frais ombrager.

   Toutes les localités environnantes, Bougival, Vaucresson et Garches notamment, ont pris dans ces dernières années une extension considérable; la population s'est accrue d'un tiers; des chalets, des villas ont surgi comme enchantement de tous côtés; seule, la commune de Louveciennes a conservé son caractère primitif des siècles derniers, et ce n'est pas sans doute le moindre charme pour ceux qui l'habitent dans la belle saison d'y trouver, ce qui est si rare dans la banlieue de Paris, un endroit paisible que la foule bruyante de la ville n'a pas encore envahi.

Instruction publique

   Louveciennes possède une Mairie-école construite en 1863 et destinée à y recevoir garçons et filles.

   Au centre: la Mairie comprenant deux salles, une au rez-de-chaussée, la salle des mariages et une semblable au premier étage, divisée en salle des délibérations, cabinet du Maire et des archives.

   A droite, longeant la rue de l'Église, la classe des garçons de 4m80 de large sur 9m30 de long, bien éclairée par 6 fenêtres, avec un petit vestiaire et une cour de surface. Au dessus, le logement de l'instituteur comprenant 5 pièces de petites dimensions.

   A gauche, le même local, aujourd'hui sans affectation, était destiné à l'école des filles, mais les Sœurs de St Vincent de Paul ont obtenu l'autorisation chez elles, dans un immeuble leur appartenant de l'école congréganiste actuelle ainsi qu'une salle d'asile pour les jeunes enfants de la commune.

   Avant 1863, les bâtiments scolaires, attenaient au presbytère; l'immeuble aliéné par la municipalité actuelle existe encore et a été transformé en une maison de commerce.

   La population scolaire, depuis la première moitié de ce siècle, comme celle de la commune d'ailleurs  n'a pas beaucoup augmenté: l'ancienne classe, construite pour 40 élèves en recevait 50 environ, et c'est encore aujourd'hui le chiffre de la fréquentation.

   L'enseignement privé compte un établissement, c'est l'orphelinat agricole fondé et entretenu par M. Beer. dans lequel 24 élèves de 13 à 18 ans reçoivent un enseignement primaire agricole et horticole. Ces jeunes gens orphelins ou indigents, sont ensuite placés soit dans l'agriculture soit comme élèves jardiniers.

                                                                         Louveciennes, le 15 8bre 1899, l'Instituteur

Source: archives départementales des Yvelines, Monographie communale de Louveciennes de l'Instituteur, 1899, cote: 1T/MONO 8 [4]

Sexe et Etat civil
Janvier
Févier
Mars
Avril
Mai
Juin
Juillet
Août
Septembre
Octobre
Novembre
Décembre
Totaux
Garçons
1
1
3
2
1
1
0
0
0
0
3
0
12
Filles
3
1
2
0
1
1
0
1
1
1
2
0
13
Totaux
4
2
5
2
2
2
0
1
1
1
5
0
25
Janvier
Février
Mars
Avril
Mai
Juin
Juillet
Août
Septembre
Octobre
Novembre
Décembre
Totaux
0
1
1
3
0
2
1
0
3
0
2
0
13
Sexe
Janvier
Février
Mars
Avril
Mai
Juin
Juillet
Août
Septembre
Octobre
Novembre
Décembre
Totaux
Totaux
2
2
0
3
1
0
0
4
1
1
2
1
17
Sexe féminin
1
1
0
2
1
0
0
3
1
1
1
1
12
Sexe masculin
1
1
0
1
0
0
0
1
0
0
1
0
5
Désignation des cultures
Nombre d'hectares cultivés
Rendement moyen par hectare en grain
Rendement moyen par hectare en paille
Poids de l'hectolitre
Prix moyen de l'hectol.
Prix moyen du quintal de paille
Avoine
23
30
25
45
8,5
7
Seigle
1
27
27
70
12
10
Froment
10
23
40
75
18
8
Désignation des cultures
Nombre d'hectares
Rendement moyen
Prix du quintal
Pommes de terre
5
32
5.50
Betteraves fourragères
4
350 q.
2 f
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