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MONOGRAPHIE COMMUNALE D'ALBERT (1898)

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IDÉE D'ENSEMBLE DE LA COMMUNE

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1) Etymologie; ancienne formes du nom :

Albert, autrefois Encre, en latin Incra, de Encre qui signifie rivière, prend le nom d'Albert en 1620, quand Albert de Luynes en prend possession. 

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2) Situation: 

Albert, chef-lieu de canton, est située à l'intersection de la vieille route, qu'on a appelée longtemps chaussée Brurrchaut, et de l'Ancre. La ville se trouve aussi située à 26 kilomètres de Péronne, son chef lieu d'arrondissement (43 par chemin de fer) sur le 50° latitude nord et à 0°19' longitude est. 

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3) Communes limitrophes: 

Au nord: Avelny; au NO, Bouzincourt, à l'Ouest, Millencourt, Laviéville, au Sud, Dernancourt, Buire, Méaulte, à l'Est, Fricourt, Bécourt, Becordel, au Nord Est, Ovillers-la-Boisselle. 

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4) Superficie et population totale:

Le terroir de la ville d'Albert a une surface de 1380 hectares et la population de la ville est de 6743 habitants. 

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GÉOGRAPHIE PHYSIQUE

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5) Nature du sol:

La ville repose sur un terrain de marais; le château est situé sur un massif crayeux. La partie crayeuse de la ville est limitée par la rue du faubourg de Bapaume et la rue du faubourg de Bray. La partie marécageuse renferme de la tourbe noir exploitée; elle est recouverte de sol de formation aqueuse. C'est une pétrification. 

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6) Relief:

La ville d'Albert est située dans la vallée de l'Ancre. Le Montalot, qui sépare la rivière du ruisseau de Meaulte, n'a que 40 mètres d'altitude au dessus du niveau de la vallée. C'est sur un contrefort de cette colline qu'est édifié le château. 

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7) Conditions climatologiques: 

La ville d'Albert possède un climat tempéré. La température moyenne est de 10°. Les brumes et les brouillards y règnent fréquemment à cause de la situation de la ville dans la vallée marécageuse. Les usines nombreuses contribuent aussi à altérer la pureté de l'air, que renouvelle sans cesse le vent dominant du Nord-Est. 

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8) Régime des eaux souterraines et superficielles:

Dans l'eau d'Albert, on trouve des bactéries de tous genres: infusoires, oeufs de vers, sangsues de la grosseur d'un fil: c'est la nappe d'eau d'Albert à 20 mètres du sol. On y trouve aussi des filaments, des araignées, des bacilles de la fièvre tiphoïde. L'eau d'Albert est séléniteuse, elle renferme aussi du carbonate de chaux; elle produit des incrustations sur les parois des machines à vapeur. L'eau de la concession de M. Derly vient d'une nappe profonde de la Champagne. C'est une eau franche, limpide, transparente et inodore, compte de micro organismes. Cette nappe profonde est à l'abri des infiltrations par une série de couches imperméables: terre végétale 0m80, sol 0m95, sol léger 0m40, cailloux 0m90; au dessous de cette dernièe couche, on trouve l'eau des puits. On trouve ensuite: calcaire grossier à 5m95, pierres calcaires dures 0m65, pierres calcaires moins dures 4m65, craie compacte 3m10, craie avec silex noir 4m50, pierre à bâtir très dure 7m95, couche de cailloux 1m30. Ici on trouve la nappe d'eau de la concession, 1 couche de Kaolin de 3m10. L'eau est donc entre 8m de pierres dures et de 3m de terre glaise et Kaolin. Elle est à l'abri de toutes infiltration. 

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9) Influence maritime; Côte:

Bien qu'éloignée des côtes de la Manche d'une distance de 100 kilomètres, la ville subit l'influence du vent d'ouest qui amène de la pluie. 

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10) Particularité de la flore et la faune: 

Rien de pertinent. 

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GEOGRAPHIE ADMINISTRATIVE

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11) Chef-lieu de la Commune; son importance:

Le chef-lieu de la commune, Albert, est en même temps chef-lieu de canton. C'est la 3° ville du département par sa population, elle vient après Amiens et Abbeville. 

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12) Hameaux; leur importance:

Albert n'a aucune dépendance; sa population est agglomérée. Autrefois il y avait la section de Boulan qui est maintenant réunie à la ville. 

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13) Nombre d'électeurs; Autres chiffres relatifs à la population:

En 1898, le nombre d'électeurs est de 1950, soit 115 de plus qu'en 1897. On compte 36 rues, impasses ou cités, 1672 maisons, 1771 ménages. 

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14) Administration et Finances municipales

Le conseil municipal se compose de 23 membres; il a à sa tête M.Vast Arrachart, maire, assisté de M. M. Poiteau et Gaffet, adjoints. La valeur du centime est de 620 fr 57. Les recettes inscrites au budget s'élèvent à 80 000 fr. environ et les dépenses atteignent le même chiffre. Les finances sont gérées par M. Miquet, receveur municipal. 

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15) Mandataires représentant la commune au dehors; Renseignements divers:

La ville fait partie de la 2° circonscription électorale de Peronne représentée actuellement par M. François, député, de Bray-sur-Domme et conseiller général du même canton, au Conseil général par M. Potez-Leduc, maire de Méaulte; au conseil d'arrondissement par M. Mançon, industriel à Albert et délégué cantonal. Le 3 décembre 1898, M. C. Lemont, industriel, ancien maire d'Albert, a été élu membre de la chambre de commerce pour quatre ans, afin de représenter les arrondissements d'Amiens et de Péronne. 

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GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE

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COMMUNICATIONS

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16) Routes; communications du chef-lieu avec les hameaux et les communes voisines; Voies navigables:

La ville est traversée par la route nationale de Rouen à Valenciennes, n°29 et la route départementales de Doullens à Péronne. Aucune voie navigable ne dessert la ville. La rivière d'Encre, trop peu importante, n'en peut tenir lieur. 

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17) Voies ferrées Service postal, télégraphique et téléphonique

Albert est située à l'intersection de la grande ligne de réseau du Nord d'Amiens à Lille et du chemin de fer économique d'Albert à Péronne, à Montdidier et à Doullens. Le service postal est dirigé par un receveur; il y a un bureau télégraphique et une cabine téléphonique publique rue du Bapaume, n°53. 

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18) Améliorations désirables:

La ville pourrait être dotée de l'éclairage électrique. L'état sanitaire de la ville exigerait le déplacement de l'hospice en dehors de l'agglomération. On trouve encore des rues étroites, mal aérées et surtout mal pavées.

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AGRICULTURE

 

19) Superficie cultivée; Catégories de sol exploité: 

La superficie cultivée est de 1308 hectares, 63 ares 92 centiares; le 1/3 est en terrains argileux et les deux autres tiers en terrains calcaires. 

 

20) Principales cultures: 

La culture dominante est celle des céréales: blé, avoine, seigle, orge. La culture de la betterave est assez intensive; cette culture alimente en partie la fabrique à sucre de M. Normand. L'agriculture n'occupe qu'une faible partie de la population.

 

21) Elevage; Bétail et animaux de basse-cour

Il n'y a pas d'élevage proprement dit; dans les races bovine ovine, en fait quelques essais. Les races normandes et bretonnes sont les plus répandues, principalement dans les pâturages de M. Dolé, qui possède environ une centaine de vaches. Les animaux de basse-cour sont les volatiles ordinaires: poules, oies, etc... 

 

22) Apiculture, Sériculture, Pisciculture, Ostréiculture: 

L'agriculture est peu intensive; la sériculture est nulle ainsi que l'ostréiculture; la pisciculture est peu encouragée. Quelques apiculteurs tentent de procédés de nouveaux.   

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23) État de la propriété: 

A l'exception de deux ou trois grands propriétaires, la propriété est beaucoup morcelée. 

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24) Méthodes d'exploitation; Outillage; Progrès à réaliser:

La principale méthode d'exploitation est celle du fermage. 

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25) Pêche et Chasse: 

Bien qu'une société de pêche existe à Albert, la pêche est entièrement libre; la rivière d'Encre est peu peuplée: on y rencontre le brochet et la truite. La chasse est libre. 

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INDUSTRIE

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26) Mines; Carrière; Salines; Eaux minérales:

La ville possède une carrière de pétrification où les nombreux visiteurs d'autrefois admiraient de superbes stalactites qu'à tort on a laissé enlever en grande partie par des amateurs

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27) Petite, moyenne et grande industrie:

On peut ranger les industries approximativement ainsi qu'il suit: petite industrie: moteurs, automobiles, bicyclettes; moyenne; tours, fraiseuses, et aux limeurs; grande industrie; machines à vapeur fixes, grands tours. 

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28) Améliorations et créations possibles:

Avec les progrès de la science et avec des accumulateurs puissants, il faut espérer voir utiliser un jour la chute d'eau de 150 chevaux. 

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COMMERCE

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29) Nature et valeur des produits exportés et importés:

Albert fait un commerce d'exportation importante en France et dans le monde entier. Cette exportation atteint environ 6 millions; elle consiste en machines, outils, ascenseurs de M Pifrelimes,, aciers, pièces (...bicyclettes, machines à coudre, moteurs automobiles) 

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30) Direction des courants commerciaux; Marchés et Foires:

Albert commerce avec la France entière M. Lomont en 1898, expédiait pour 50 000f au Portugal, à l'Espagne. Albert expédie en Algérie et dans les colonies, des machines à vapeur (M. Lomout en 1898). Les foires sont: St Simon, 28 octobre, St Mathias 24 février, St Eloi, 25 juin; franc-marché, 2e mercredi de chaque mois; marché le samedi. 

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31) Produits sans écoulement; Débouchés à créer: 

Toutes les machines étant faites sur commande, il n'y a point de produits sans écoulement.

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APERCU HISTORIQUE

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ORIGINES

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32) Temps préhistoriques. Antiquité gauloise et gallo-romaine

La situation de la ville à l'intersection de la rivière d'Encre et de la vieille route qu'on a longtemps appelée chaussée Brunehaut explique son origine. Encre, bourgade celtique, était fortifiée et son rôle stratégique important. La route fort ancienne, existait avant l'invasion des Romains. A droite de cette route, en venant d'Amiens, près d'Albert, on trouve un tumulus, appelé le Mont-Hénon-Castel. 

 

MOYEN AGE

 

33) Époque gallo-franque. Époque féodale du IXe au XVIe siècle

On ne trouve que peu de documents précis avant le 12e siècle. Cependant en 831 existait le monastère d'Ancre, composé de 12 chanoines. La forteresse du château est construite en 989. Le prieuré est fondé en 1138. L'affranchissement de la commune date de 1178. La ville d'Encre appartint successivement à 4 grandes familles de seigneurs de l'an 1050 à 1550: les Campdavesire (charte de 1178); les chatillon de St Pol (invasion anglaise de 1359); les Coucy (invasion anglaise de 1373); les Nesle (pendant la guerre avec Charles Quint): la ville est complètement détruite par les anglo-néerlandais en 1523. Personnages célèbres: Jeanne d'Harcourt, épouse de Raoul II de Coucy, se fit remarquer par sa douceur et ses libéralités envers le peuple; Etienne Sandaraz, miniaturiste du 15e siècle. 

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TEMPS MODERNES

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34) Du XVIe siècle à la Révolution 

En 1550 la ville est possédée par les Humières (pendant les guerres avec les Espagnols) Encre est brûlée; en 1552 le château est brûlé, et il n'est pas reconstruit. En 1554 un incendie consuma tout; les fortifications sont démolies. Henri IV, en 1559, est victorieux des Espagnols sous les murs de la ville. Concini, assassiné par ordre de Louis XIII le 24 avril 1617 possède la ville; sa femme Léonora Galligou est décapitée le 4 juillet 1617. De Luynes fait changer le nom de la ville. Albert est prise en 1636 par le prince de Savoie et  brûlée en 1637, incendiée par les Espagnols. Elle est pillée en 1653 par Condé et les Espagnols. En 1660, un incendie la détruit encore. Elle appartient ensuite à des Bourbons légitimés. En 1732 translation de la statue miraculeuse dans la chapelle de la ville. En 1789 élection à Albert pour les Etats généraux Les Bénédictins quittèrent la ville après 1660. Ils y étaient depuis 50 ans. 

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35) Grands faits. Hommes remarquables, etc.

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Albert a vu naître A. Toulet, maire d'Albert, mort en 1888, chevalier de la Légion d'Honneur, qui a beaucoup contribué au développement économique de la ville; M. Daussy, mort en 1895, bâtonnier de l'Ordre des Avocats, premier Président honoraire de la Cour d'Appel, Officier de la Légion d'Honneur, écrivain distingué à qui l'on doit l'histoire de la Ville d'Albert et plusieurs autres ouvrages de mérite. Les grands faits sont mentionnés dans l'historique de la ville. 

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36) Développement économique. Progrès de l'instruction, des institutions de prévoyance et de bienfaisance, etc. Mouvement de la population. Avenir possible de la commune. 

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La métallurgie prend un développement toujours croissant; il y a à Albert 12 usines métallurgiques pour le travail du fer et de la fonte; 1 chaudronnerie de cuivre; une importante fabrique de machines à coudre et de bicyclettes (marque Hurtu); 3 briqueteries; une fabrique à sucre une tannerie; l'importante filature de coton qui avait été construite en 1810 vient d'être incendiée). Il y a à Albert une société de secours mutuels de N.D. de Brobières (300 membres participants), une société coopérative de consommation à "La Prévoyante Albertine" (450 membre); les sociétés "La France prévoyante" et les "Prévoyants de l'Avenir" comptent un grand nombre de membres. La population de la ville, qui était de 2000  habitants en 1837, a presque triplé en 50 ans; elle atteint aujourd'hui le chiffre de 6743 habitants. Des maisons nouvelles se construisent journellement et l'industrie prenant des proportions croissantes, appelle chaque jour de nouvelles familles. Albert est appelée à devenir un des plus grands centres industriels du Nord de la France. 

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Vue générale et Conclusion

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Grâce au développement industriel et économique de la ville, la population augmente rapidement; Albert est par sa population, la 3° ville du département. Une grande activité règne dans les ateliers où les commandes affluent en vue de la prochaine exposition. Les industriels craignent une crise violente dans le travail après cette exposition. Si on parvenait à trouver des accumulateurs assez puissants, grâce à la chute d'eau d'une force de 150 chevaux, on pourrait accumuler pendant la nuit une quantité d'électricité suffisante pour doter la ville d'un éclairage électrique en même temps que les ateliers d'une force motrice générale. 

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Transcription de la monographie communale d'Albert, 4° 100 ; 2 NUM 96, rédigé par l'Instituteur M. Lecocq en 1898, retranscription Mathieu Thédié

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